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de la nature de l’homme.

mais tantôt l’un triomphe, tantôt l’autre, tantôt celui qui se trouve avoir le débit le plus facile devant la foule. Cependant on est en droit d’exiger de celui qui prétend avoir des notions positives sur les choses, qu’il fasse toujours triompher son argumentation, s’il s’appuie sur des réalités et s’il sait s’expliquer. Mais ces gens me semblent, par malhabileté, se réfuter eux-mêmes dans les termes mêmes de leur argumentation, et mettre sur pied le système de Mélissus (voy. note 6).

2. (Extension du système de l’unité de substances à la médecine. Objection : si l’homme était un, il n’y aurait qu’une maladie et qu’un remède.) Au reste, là-dessus je n’en dirai pas davantage. Quand aux médecins, suivant les uns l’homme n’est que sang, suivant les autres que bile, suivant d’autres que pituite ; et eux aussi tiennent tous le même raisonnement. Ils prétendent, en effet, qu’il y a une substance unique (choisie et dénommée arbitrairement par chacun d’eux), et que cette substance unique change d’apparence et de propriété sous l’influence du chaud et du froid, devenant de la sorte douce, amère, blanche, noire, et tout le reste. À mon avis, cela non plus n’est point ainsi. En opposition à ces opinions et à d’autres très-voisines que la plupart soutiennent, moi je dis que, si l’homme était un, jamais il ne souffrirait ; car où serait, pour cet être simple, la cause de souffrance ? Admettant même qu’il souffrît, il faudrait que le remède fût un aussi. Or, les remèdes sont multiples. Il y a, en effet, dans le corps beaucoup de substances qui, s’échauffant et se refroidissant, se dessé-