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DE LA NATURE DE L’HOMME.

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1. (Opinion de ceux qui pensent qu’il n’y a qu’une seule substance dans l’univers ; vanité et inconsistance de ce système.) L’auditeur habituel de ceux qui, dissertant sur la nature humaine, vont au delà de ses rapports avec la médecine, n’a aucun intérêt à entendre ce discours que je commence. Je dis en effet que l’homme n’est absolument ni air, ni feu, ni eau, ni terre, ni telle autre substance dont l’existence n’est pas manifeste dans le corps. Mais laissons dire là-dessus ce que l’on veut ; toutefois ceux qui soutiennent de telles opinions ne me paraissent pas avoir des notions positives. Ils ont tous même idée, mais n’arrivent pas au même terme et n’en tiennent pas moins même raisonnement. Ils disent que ce qui est un, étant à la fois l’un et le tout ; mais ils cessent de s’entendre sur les noms : suivant l’un l’air est à la fois l’un et le tout, suivant l’autre c’est le feu, suivant un autre l’eau, suivant un autre la terre, et chacun appuie son raisonnement de témoignages et d’arguments qui sont sans valeur. Or, ayant tous même idée, mais n’arrivant pas au même terme, il est évident qu’ils n’ont pas non plus une notion positive. On s’en convaincrait surtout en assistant à leur controverse ; car lorsque les mêmes argumentants dissertent devant les mêmes auditeurs, jamais le même n’est trois fois de suite victorieux dans son argumentation ;