Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 6.djvu/389

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du temps que les accidents le prennent, surtout quand souffle le vent du midi. Et la guérison est difficile; car le cerveau est devenu plus humide que dans l'état naturel, et le phlegme y abonde. De la sorte, d'une part les fluxions sont plus fréquentes; de l'autre le phlegme ne peut plus être évacué; et le cerveau, incapable de se dessécher, demeure tout pénétré d'humidité. Vous vous en apercevrez très bien chez les animaux affectés da cette maladie, et particulièrement chez les chèvres, qui y sont le plus exposées : ouvrez la tête, et vous trouverez le cerveau humide, rempli d'eau d'hydropisie et sentant mauvais ; et là vous reconnaîtrez évidemment que c'est, non pas la divinité, mais la maladie, qui altère ainsi le corps. Il en est de même pour l'homme aussi; en effet, quand l'épilepsie a duré longtemps, elle n'est plus curable, le cerveau est rongé par la pituite, et il se fond; la portion ainsi fondue devient de l'eau qui entoure au dehors le cerveau et le baigne, ce qui rend les accès plus fréquents et plus faciles. D'autre part, la maladie dure longtemps, parce que le liquide affluant, étant ténu à cause de son abondance, est aussitôt vaincu par le sang et échauffé. Les patients qui sont déjà habitués à la maladie pressentent quand ils vont avoir un accès; ils fuient loin des regards, chez eux, si leur logis est proche; sinon, dans le lieu le plus solitaire, là où leur chute aura le moins de témoins, et aussitôt ils se cachent. Ils agissent ainsi par honte de leur maladie, et non, comme plusieurs le croient, par crainte de la divinité qui les obsède. Voyez en effet les enfants : d'abord ils tombent là où ils se trouvent, à cause qu'ils ne sont pas habitués; puis,