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mot, dans toutes celles des cavités, de rien voir de cette vue des yeux qui permet à chacun d’examiner suffisamment les objets, s’est créé des ressources auxiliaires, observant la netteté ou la raucité de la voix, la rapidité ou la lenteur de la respiration, et, pour chacun des flux ordinaires, les voies qui leur livrent issue. Elle juge de ces flux par leur odeur, par leur couleur, par leur ténuité et leur consistance, et en induit de quel état ces phénomènes sont signes, quels indiquent un lieu déjà affecté, quels un lieu pouvant s’affecter. Quand ces signes sont muets et que la nature ne les fournit pas elle-même de son plein gré, la médecine a trouvé des moyens de contrainte par lesquels s’ouvre la nature violentée sans dommage ; celle-ci, relâchée de la sorte, révèle aux gens qui savent leur métier, ce qu’il faut faire. Ainsi, tantôt la médecine force la chaleur innée à dissiper au dehors l’humeur phlegmatique par l’intermédiaire d’aliments et de boissons acres, afin d’appuyer son jugement sur la vue de quelque chose en des cas où autrement il lui était absolument interdît de rien voir ; tantôt, par des promenades sur des chemins montants et par des courses, elle oblige la respiration à révéler ce dont elle est la révélatrice ordinaire ; tantôt enfin, provoquant les sueurs par les moyens indiqués plus haut, elle reconnaît tout ce qu’à l’aide du feu on reconnaît dans la vaporisation de l’eau. Quelquefois, ce qui est excrété par la vessie donne, sur la maladie, de meilleures notions que ce qui sort par la peau ; en conséquence, la médecine a découvert des boissons et des aliments qui, étant plus chauds que la matière qui échauffe le corps, la fondent et en déterminent l’écoulement ; matière