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n’existe pas.) En outre, si la guérison ne réussissait à la médecine et au médecin que par l’action des remèdes évacuants et resserrants, mon argumentation serait faible ; mais on voit les médecins les plus renommés guérir par le régime et par d’autres combinaisons dans lesquelles le caractère de l’art ne pourrait être contesté, je ne dis point par un médecin, mais par l’homme le plus ignorant de la médecine à qui on les expliquerait. Donc, s’il n’est rien qui soit sans usage pour les bons médecins et dans la médecine, et si la plupart des productions naturelles et artificielles fournissent les éléments des traitements et des remèdes, il n’est pas possible à aucune des personnes guéries sans médecin, d’imputer raisonnablement leur guérison au hasard. En effet, on démontre que le hasard n’existe pas ; on trouvera que tout ce qui se fait, se fait par un pourquoi ; or, devant un pourquoi, le hasard perd visiblement toute réalité, et ce n’est plus qu’un mot. Mais, visiblement aussi, la médecine possède et possédera toujours une réalité et dans le pourquoi et dans la prévision qui lui appartient.

7. (Objection : les terminaisons funestes. — Réponse : elles sont plutôt imputables à l’indocilité des malades qu’à l’inhabileté des médecins. — Description remarquable du médecin et du malade par rapport l’un à l’autre.) Voilà ce qu’on pourrait répondre à ceux qui enlèvent à l’art les guérisons pour les attribuer à la fortune. Quant à ceux qui en nient l’existence en raison des terminaisons funestes, je ne conçois pas de quel argument plausible ils s’autorisent pour en accuser, non l’indocilité des défunts, mais le savoir de ceux qui pratiquent la médecine ; comme si, le médecin pouvant faire de mauvaises prescriptions, le malade ne pouvait pas transgresser ce qui lui est commandé ! Et, de fait, il est beaucoup plus vraisemblable que le malade sera incapable d’obéir aux prescriptions, qu’il