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le mal est le plus fort ; cas placé, comme on doit le savoir, au-dessus des ressources de l’art. Qu’elle remplisse toutes ces conditions et qu’elle soit en état de les remplir constamment, c’est sur quoi va rouler le reste de mon discours ; et, tout en faisant la démonstration de l’art, je ruinerai les arguments de ceux qui prétendent l’avilir, et je les ruinerai par les endroits où chacun d’eux s’imagine obtenir quelque succès.

4. (Objection : tous les malades ne guérissent pas ; ceux qui guérissent le doivent à la fortune. — Réponse : la puissance de Infortune est petite.) Je commence par un point que tous m’accorderont, c’est que, parmi les malades traités par la médecine, quelques-uns guérissent ; non pas tous ; et c’est justement le reproche qu’on lui adresse. Les adversaires, arguant des morts que causent les maladies, prétendent que ceux qui en réchappent, réchappent par le bénéfice de la fortune et non de l’art. Pour moi, je ne contesterai pas à la fortune toute influence ; mais je crois que les maladies traitées mal, sont le plus souvent suivies d’un mauvais succès, et, traitées bien, d’un bon succès. Puis, à quoi les personnes guéries pourraient-elles attribuer leur guérison, si ce n’est à l’art, vu qu’elles se sont rétablies par son concours et ses services ? Évidemment, par cela seul qu’elles s’y sont confiées, elles ne se soucièrent pas de prendre en considération la mince réalité de la fortune, et de la sorte elles sont quittes envers l’une, mais non envers l’autre ; car, en se remettant et confiant à l’art, elles en ont reconnu la réalité, et le résultat leur en a démontré la puissance.

5. (Objection : des malades guérissent sans médecin. — Réponse : ils ont guéri en faisant ceci ou cela ; or, le choix entre ce qui est bon et ce qui est mauvais, implique l’existence de l’art.) Ici, l’adversaire objectera que bien des malades ont guéri sans l’intervention du médecin. Je n’en disconviens pas ;