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général, à mon avis, il n’y a point d’art qui ne soit réel ; car il est absurde de prétendre qu’une chose qui est n’est pas. Et qui jamais, trouvant visible la substance des choses qui ne sont pas, affirma qu’elles sont ? Car s’il était possible de voir ce qui n’est pas comme on voit ce qui est, je ne conçois pas comment on en nierait la réalité, puisqu’on en verrait par les yeux et comprendrait par la raison l’existence. Mais prenez garde, il n’en est pas ainsi ; ce qui est se voit et se connaît toujours ; ce qui n’est pas ne se voit ni ne se connaît. Or, la connaissance s’acquiert à fur et mesure que les arts sont montrés, et il n’y en a aucun qu’on ne voie sortir d’une certaine réalité. Et, de fait, ce sont les réalités qui ont donné le nom aux arts ; car il est absurde de penser que les réalités sont produites par les noms ; la chose est impossible ; les noms sont des conventions que la nature impose, mais les réalités sont non des conventions qu’elle impose, mais des productions qu’elle enfante.

3. (L’auteur passe à son sujet spécial, la médecine, qu’il définit. L’objet en est de guérir les maladies, avec la condition de ne pas toucher aux cas où le mal est plus fort qu’elle.) Sur ce sujet général, si ce qui vient d’être dit n’a pas été suffisamment compris, on s’instruira plus à fond dans d’autres traités. Quant à la médecine (car c’est d’elle qu’il s’agit), j’en vais faire la démonstration ; et d’abord, la définissant telle que je la conçois, je dis que l’objet en est, en général, d’écarter les souffrances des malades et de diminuer la violence des maladies, tout en s’abstenant de toucher à ceux chez qui