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des humeurs.

sion et l’effet. La durée de cette période diffère selon une foule de circonstances, en tête desquelles il faut placer la nature même de la cause pathogénétique. Ainsi, tandis que la durée de l’état de latence ne dépasse pas, en général, un petit nombre de jours dans la variole ou la siphilis, on voit, au contraire, cette période se prolonger au delà de plusieurs mois, et je dirai même au delà d’une année pour le bouton d’Alep et les maladies de marais.

« La fièvre typhoïde, dont l’étiologie est encore entourée de tant de ténèbres, possède-t-elle aussi sa période de latence ? on serait fortement tenté de le croire, si l’on considère qu’elle se rencontre dans les localités habituellement et actuellement exemptes de cette maladie, chez des individus qui souvent ont quitté depuis plusieurs mois un foyer de fièvres typhoïdes. Ainsi, un régiment vient-il à quitter une garnison de France sujette à l’entérite folliculeuse pour se rendre à Alger, on voit alors ordinairement cette maladie se développer chez un certain nombre d’individus pendant la traversée ; d’autres n’en sont atteints qu’à leur débarquement, ou quelques semaines, rarement quelques mois plus tard ; enfin, la constitution typhoïde, de plus en plus masquée, puis débordée par l’influence paludéenne, finit par s’éteindre complètement, à tel point qu’il n’existe peut-être pas un seul exemple de fièvre typhoïde chez un individu ayant habité, sans interruption et pendant un an, le littoral marécageux du nord de l’Afrique. En un mot, de même que les régiments venant de la partie fiévreuse conservent en France, pendant un temps plus ou moins long, la constitution médicale de leur séjour antérieur, de même aussi, les régiments quittant la France restent en Afrique, et pendant un temps d’une durée variable, sous l’influence de la constitution qui dominait au point de leur départ…

« Un régiment arrive-t-il, au contraire, du littoral africain à Marseille, où les maladies de poitrine et l’entérite folliculeuse constituent les maladies dominantes de la garnison, loin de produire immédiatement ces formes nosologiques,