Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 5.djvu/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
471
argument

suivantes. Le rapprochement de ces affections engendre des affections mixtes où l’on découvre par l’analyse les affections élémentaires de plusieurs saisons. Remarquez néanmoins que, malgré leur union intime, ces affections élémentaires ne se présentent jamais pendant toute la durée de leur alliance dans des rapports constants. Au contraire, leur prépondérance relative change sans cesse, suivant les époques de la combinaison. Dans les premiers instants, l’affection morbide de la saison naissante se soumet d’abord à l’affection morbide de la saison à son déclin. Ceci se conçoit, si l’on réfléchit que l’affection qui se termine a eu à la fois le temps et la force de nous modifier profondément, au lieu que l’affection qui commence, faute de ces avantages, nous effleure à peine pour le moment. Les progrès croissants de l’affection nouvelle et le décroissement corrélatif de l’affection antérieure mettent insensiblement de niveau leur activité respective ; quelque temps après, l’affection la plus récente, qui grandit sans cesse quand l’affection la plus ancienne s’affaiblit à proportion, s’empare de la prééminence et ne laisse à la dernière qu’une influence subalterne ; enfin celle-ci disparaît, et la première reste seule, libre de ses mouvements (Des maladies de la France dans leurs rapports avec les saisons, Paris, 1840, p. 193). »

Cette notion sur la disposition créée par la saison antécédente, on la rapprochera avec fruit de la notion sur la disposition créée par un séjour antérieur. C’est à M. Boudin qu’on doit la détermination d’une condition aussi importante. « De même, dit-il, qu’il s’écoule souvent un temps assez long entre l’introduction de diverses substances toxiques dans l’économie et la manifestation de leurs effets pathogénétiques, de même aussi certaines maladies peuvent se développer loin des lieux dans lesquels elles ont été contractées, et longtemps après l’action des causes qui les avaient fait naître. Nous appellerons période de latence le temps pendant lequel l’organisme conserve la faculté de produire une maladie, après avoir subi l’influence dont cette dernière constitue l’expres-