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prouvent que les médecins étaient payés pour leurs soins. « On se laisse avec grande douleur, dit Xénophon, inciser et cautériser par les médecins ; et pour ces opérations on se croit obligé de leur donner un salaire (μισθὸν τίνειν) (Memor. Socratis, I, 2, 54). » « Les médecins, dit Aristote, ne font rien par complaisance contre la raison de leur art ; mais ils gagnent leur salaire (μισθόὸν) en guérissant les malades (Pol. III, 11). » Quel était le montant ordinaire de ces honoraires ? je n’ai trouvé un mot là-dessus que pour un temps assez éloigné de celui d’Hippocrate. Cratès de Thèbes, qui vivait sous les premiers successeurs d’Alexandre, dit : Mettez pour un cuisinier, dix mines (920 fr.), pour un médecin, une drachme (très près de 1 fr.), pour un flatteur, cinq talents plus de 25,000 fr.), pour un conseiller, de la fumée, pour un pourvoyeur de débauche, un talent (5560 fr.), pour un philosophe, trois oboles 0f,45[1]. » Il faut sans doute ici faire la part de l’ironie et de la satire. On peut voir dans Pline, H. N. XXIX, c. 1, s. 8, les énormes fortunes que firent quelques médecins à Rome sous les premiers empereurs.

III. Trois espèces d’enseignement sont énoncées dans le Serment : παραγγελίη, précepte ; ἀκρόασις, instruction orale ; λοιπὴ μάθησις, le reste de l’enseignement. Aulu-Gelle (Noct. Attic. XX, 4) nous dit : Ἀκροαματικά vocabantur, in quibus philosophia remotior subtiliorque agitabatur, quæque ad naturæ contemplationes disceptationesque dialecticas pertinebant. Partant de là, Meibomius admet que : par παραγγελίη, il faut entendre les écrits qu’Aristote aurait nommés exotériques, et qui suffisaient à des commençants ; par ἀκρόασις, les écrits qu’Aristote aurait nommés acroamatiques, et qui appartenaient à un enseignement plus élevé ; et par λοιπὴ μάθησις,

  1. Τίθει μαγείρῳ μνᾶς δέκ’, ἰατρῷ δραχμήν ·
    Κόλακι τάλαντα πέντε, συμβούλῳ καπνόν ·
    Πόρνῳ τάλαντον, φιλοσόφῳ τριώβολον.

    (Brunck, Anal. t. 1, p. 186.