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de la douleur ou dans les mamelles, ou dans les hanches, ou dans les yeux, ou dans les genoux, et il n’y aura pas d’avortement[1].

54. Les femmes chez qui l’orifice de l’utérus est dur ont nécessairement cet orifice fermé.

55. Chez les femmes enceintes qui sont prises d’accès fébriles et qui maigrissent considérablement, il y aura, sans [autre] cause apparente, ou des couches laborieuses et dangereuses, ou un avortement également dangereux[2].

56. Dans le flux des femmes, s’il survient spasme ou syncope, cela est fâcheux.

57. Les règles étant trop abondantes, il survient des maladies ; les règles ne coulant pas, les maladies qui naissent viennent de la matrice.

58. Dans l’inflammation du rectum et dans celle de la

  1. Galien, dans son comm., dit que πάλιν est ici susceptible de deux significations ; la première est : si les mamelles, qui s’étaient affaissées, redeviennent dures ; la seconde est : si au contraire les mamelles deviennent dures. Galien pense que la seconde est plus conforme à la pensée d’Hippocrate, qui serait alors que, tandis que l’affaissement des mamelles indique l’avortement, la tuméfaction et l’induration de ces organes annoncent non l’avortement, mais une lésion dans quelque partie éloignée.
  2. Théophile dit, dans son commentaire : « Hippocrate suppose ici une fièvre continue, et cela est évident par le mot λαμβάνονται au lieu de κατακρατούνται. Cela est évident encore par les mots ἰσχυρῶς θερμαίνονται. Si donc une femme enceinte a été prise d’une fièvre très forte, elle est mise en danger, avortant sans cause évidente, c’est-à-dire nécessairement. » On voit par là que Théophile entend qu’il s’agit d’une fièvre très violente, qu’il a lu θερμαίνονται, et qu’il rattache ἄνευ προφάσιος φανερῆς non à ce qui précède, mais à ce qui suit. Galien, après avoir rappelé que des fièvres violentes causent nécessairement l’avortement, dit que parfois il survient, chez les femmes enceintes, des fièvres modérées, mais qui ne se terminent pas complètement et laissent quelque reliquat de cacochymie dans le corps, νu la difficulté de traiter convenablement une femme grosse ; qu’en conséquence la fièvre se reproduit, que la femme est pendant presque tout le temps dans un mauvais état, et qu’il en résulte tantôt un accouchement laborieux, tantôt un avortement. On voit que Galien suppose non pas, comme Théophile, une fièvre continue, mais des fièvres qui se reproduisent à diverses reprises, et un état de cacochymie causant ces fièvres ou causé par elles. Je pense qu’il est plus naturel de rapporter, comme Théophile, sans cause apparente à ce qui suit et non, comme la plupart des traducteurs, à ce qui précède, et qu’il est aussi plus naturel, entre ἰσχναίνονται et θερμαίνονται appuyés l’un et l’autre par beaucoup de manuscrits, de choisir le premier.