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argument.

maladie, les humeurs offrent une autre apparence que dans la santé ; par exemple : les urines peuvent devenir rouges, les selles liquides, la peau sèche, la coloration jaune, etc. Les humeurs, dérangées de leur crâse, y reviennent par un travail auquel l’école de Cos donne le nom de coction ; c’est encore l’expression de faits observés ; ainsi, dans un catarrhe pulmonaire, l’expectoration, à mesure que la maladie marche vers le mieux, passe elle-même par des transformations concomitantes, et de crue elle devient cuite ; ainsi, l’urine, rouge pendant l’accroissement du mal, change, au moment de l’amélioration, de couleur et de consistance. La crise, soit que, dans les idées des Hippocratiques, elle se rattachât à la coction, soit qu’elle en fût indépendante, constituait une portion importante de la doctrine pathologique : toute mutation rapide qui, dans la maladie, amenait la guérison ou la mort, une amélioration ou une aggravation notables, était appelée crise. De plus, les Hippocratiques avaient cru remarquer que ces crises choisissaient, de préférence, certains jours, dans lesquels elles étaient ou plus communes ou plus décisives. Ceci, tandis que tout le reste de la doctrine hippocratique repose sur des faits que l’observation constate encore aujourd’hui, ceci, dis-je, est loin de pouvoir se vérifier avec la même facilité. Dès l’antiquité, on avait combattu l’hypothèse des jours critiques, et Celse dit que les anciens médecins s’étaient laissé tromper par les nombres pythagoriciens, attendu qu’il importe non de compter les jours, mais de considérer les redoublements fébriles en eux-mêmes (3, 4).

D’après un mot attribué à Pythagore, l’enfant est le printemps, le jeune homme l’été, l’homme-fait l’automne, le vieillard l’hiver[1]. Cette assimilation est complètement

    tité indépendante de la température du corps ; idée chimérique à laquelle Hippocrate ne paraît pas étranger (Voyez plus loin, § XVII).

  1. Παῖς ἕαρ, νεηνίσκος θέρος, νεηνίης φθινόπωρον, γέρων χειμών (Diog. Laert. 8, 10).