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épidémies, livre iii.

faitement certains, lorsqu’il dit : « La peste noire, d’où procède la peste orientale d’aujourd’hui, naquit en Chine, en 1347, après d’affreux tremblements de terre, sur le sol même qu’ils avaient entr’ouvert et bouleversé (histoire romaine, traduction française par de Golbéry, t.3, p. 363). ’La peste à bubons est antérieure au XIV° siècle, puisque, de l'aveu de tout le monde, elle sévit sous Justinien.

M. Naumann (Handbuch der medicinischen Klinik, t. 3, p. 309) dit de son côté : " La première mention sûre et indubitable de la peste date de la célèbre épidémie du milieu du VI° siècle, qui a été décrite par Procope ( De bello Persico, cap. 22, 23) et par Évagrius ( Histoire ecclesiast. lib. 4, cap. 29). En 558, d’après Cedrenus, les bubons furent observés à Constantinople, particulièrement chez les enfants. »

Tel était donc l’état de la question sur l’antiquité de la peste. Une peste à bubons dans le milieu du 6e siècle de l’ère chrétienne, puis un silence complet dans les histoires et dans les documents anciens sur cette affection pour les siècles antérieurs au sixième. On concluait de cette mention et de ce silence, que la peste à bubons était une maladie nouvelle parmi le genre humain. Un texte inédit publié en 1831 par Mgr le cardinal Mai a renversé toute cette argumentation. On lit dans Rufus : < Le bubon qui, pour des causes manifestes et les premières venues, se développe au cou, aux aisselles et aux cuisses, est avec fièvre ou sans fièvre. Nécessairement la fièvre qui se joint à un bubon est accompagnée de frisson ; si rien ne s’y associe, il est aisé de la faire cesser sans danger… Mais les bubons appelés pestilentiels sont les plus dangereux et les plus aigus, tels qu’on les voit surtout dans la Lybie, l’Egypte et la Syrie, et dont a fait mention Denys surnommé Kyrtus, Κυρτός[1]. Dioscoride et Posidonius

  1. Le manuscrit sur lequel Mgr le cardinal Mai a publié ces fragments d’Oribase, porte la note suivante : « Philon, dans le neuvième livre de son ouvrage sur la possession d’une bibliothèque (ἐν τῷ θ Περὶ βιβλιοθήκης κτήσεως) ;. peut-être faut-il lire (κτίσεως) ; Hermippe, dans le