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des éléments : ce fut la peste orientale qui, munie de toutes les conditions d’une durée illimitée, enleva, deux siècles plus tard, à l’empire romain de nouveau réuni la moitié de ses habitants, et qui , ayant été jusqu’alors un fléau inévitable pour tous les peuples, n’a été domptée par la prudence humaine, que vers la fin du moyen âge. Elle a perdu pour toujours sa puissance sur l’Europe ; mais elle dure jusqu’à présent chez les peuples sémitiques (Ueber die Volkskrankheiten; Herlin, 1S32, p. 6).»

Ces deux médecins s’accordent pour admettre comme nouvelle la maladie qui dévasta le monde sous Justinien, et qui fut incontestablement la peste à bubons, et pour fixer ainsi dans le commencement du sixième siècle la première apparition de cette affection redoutable. Tel est aussi l’avis de M. le docteur Rosenbaum , qui dit : « Ce fut sous Justinien , en 551, que , pour la première fois, la peste à bubons éclata dans toute sa violence (Die Epideinicen als Beweise cincr fortschreitenden physischen Entwickelung der Menscheit betrachtel, p. 11). »

M. Pariset se réfère au même fait pour étayer son opinion sur la nouveauté de la peste : « On peut considérer la peste d’Orient comme une maladie nouvelle. Ce fut en 542 de l’ère chrétienne qu’elle parut pour la première fois dans le monde, et cette première apparition fut terrible. Elle commença , connue elle fait encore aujourd’hui, dans la basse Égypte, et attaqua d’abord la ville de Péluse. De là elle s’étendit connue un vaste réseau, d’un côté, sur le reste de l’Égypte et sur Alexandrie ; de l’autre, sur la Palestine qui touche à l’Égypte. Après quoi, marchant toujours, et par intervalles réguliers de temps et de lieux , elle s’ouvrit toutes les contrées de la terre et les couvrit de funérailles depuis la Perse jusqu’à l’Atlantique... C’est alors que s’introduisirent dans le langage médical les expressions de lues, de clades inguinaria, de morbus inguinarius, expressions tirées du symptôme qui la spécifie, et si souvent répétées dans Grégoire