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xxiv
avertissement

en est dérivé (βλέννος), est commun à Sophron et Plaute.

Le dire de Galien, qui attribue le livre De la nature de l’homme à Hippocrate ; le fragment sur les veines qui est placé à la suite de cet ouvrage et qu’Aristote dit être de Polybe ; enfin la théorie des quatre humeurs (sang, bile jaune, bile noire, pituite), ces trois circonstances réunies font que M. Petersen trouve une difficulté particulière à classer ce traité. Pour en sortir, il essaie de déterminer à quelle époque la théorie des quatre humeurs, exposée dans le livre De la nature de l’homme, aura pris de la publicité en Grèce. Comme Platon, qui, dans plusieurs dialogues, ne parle que de la bile et du phlegme, parle dans le Timée des quatre humeurs, et que le Timée a été composé vers la fin de la vie de ce philosophe un peu avant l’an 361, M. Petersen en conclut que le livre De la nature de l’homme, et d’autres laissés imparfaits par Hippocrate, furent publiés par ses fils vers l’an 370, sinon plus tôt. Avant toutes choses, je ferai observer qu’il faut appliquer à Platon la remarque que j’ai faite plus haut pour Hippocrate, à savoir que la mention de deux humeurs dans un écrit, n’exclut pas la connaissance des quatre humeurs, et qu’il n’y a aucun argument à en tirer pour l’antériorité ou la postériorité des écrits où il en est respectivement question. Mais le fait est que toutes ces théories sont plus anciennes que M. Petersen ne le suppose ici ; c’est ainsi qu’il est parlé de la bile noire vingt ans avant la date qu’il assigne ici, et il en est parlé dans un poète, dans une comédie, ce qui en suppose la notion tout à fait vulgaire[1]. L’auteur du quatrième livre des Maladies soutient qu’aucune portion de la boisson ne passe dans les voies pulmonaires ; au contraire l’auteur du livre du Cœur soutient qu’une portion y passe. M. Petersen conclut de là que le

  1. Μελαγχολῶντ’ ἀπέπεμψέ μου τὸν δεσπότην. Aristoph. Plut. V. 12. — Le Plutus fut joué l’an 391.