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de l’ancienne médecine.

bonne méthode et d’un juste raisonnement, ayant su approprier ces différences à la nature humaine, pensèrent qu’un tel art mériterait d’être attribué à un dieu ; opinion qui est consacrée. Estimant que ce n’est ni du sec, ni de l’humide, ni du chaud, ni du froid, ni d’aucune autre de ces choses que l’homme souffre ou a besoin, mais que c’est de ce qu’il y a de plus fort dans chaque qualité, et de ce qui est plus puissant que la constitution humaine, ils regardèrent comme nuisible ce dont cette même constitution ne pouvait triompher, et ils essayèrent de l’enlever. Or, ce qu’il faut entendre par le plus fort, c’est, parmi les qualités douces, la plus douce ; parmi les amères, la plus amère ; parmi les acides, la plus acide ; en un mot le summum de chacune. Car ils virent et qu’elles existent dans l’homme et qu’elles nuisent à l’homme. Dans le corps, en effet, se trouvent l’amer, le salé, le doux, l’acide, l’acerbe, l’insipide, et mille autres dont les propriétés varient à l’infini par la quantité et par la force. Ces choses mêlées ensemble et tempérées l’une par l’autre, ne sont pas manifestes et ne causent pas de souffrances ; mais si l’une d’elles se sépare et s’isole du reste, alors elle devient visible et cause de la douleur. Il en est de même des aliments qui ne sont pas propres à l’homme et dont l’ingestion le rend malade ; chacun d’eux a une qualité qui n’a pas été tempérée, ou amère, ou salée, ou acide, ou toute autre qualité intempérée et forte ; c’est pourquoi votre santé en est troublée, aussi bien que par les qualités qui s’isolent dans notre corps. Mais les aliments et les boissons habi-