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introduction.

de puissance contre l’épidémie, venue de loin, qui la désola, que la médecine contemporaine n’en a eu à Paris contre le choléra, parti des bords du Gange. Tout récit où l’on attribue à l’art médical le pouvoir d’arrêter de tels ravages, nécessairement est mensonger.

Maintenant que devient l’autre forme de la légende où Hippocrate refuse à Artaxerce son secours contre la peste ? Je ne veux pas entrer ici dans une discussion détaillée des Lettres et des Discours qui forment un appendice de la collection hippocratique. Comme tous les récits sur le rôle d’Hippocrate dans la peste d’Athènes, sur l’invitation d’Artaxerce, sur le refus du médecin de Cos, sur son entrevue avec Démocrite, sur la guerre faite à l’île de Cos par les Athéniens, n’ont pas d’autres garants que ces Lettres et Discours, j’en examinerai plus loin l’authenticité. Seulement je déclare d’avance que ces pièces sont toutes apocryphes. Il m’a suffi ici d’appeler l’attention du lecteur sur le témoignage de Thucydide, qui montre qu’Hippocrate n’a joué aucun rôle particulier dans la grande fièvre qui ravagea la Grèce et surtout Athènes. Les Lettres et Discours renferment des preuves intrinsèques de supposition ; ce sera le lieu de mettre ces preuves en évidence quand je discuterai un à un les écrits qui entrent dans la collection hippocratique.

Tzetzès prétend qu’Hippocrate, bibliothécaire à Cos, brûla les anciens livres des médecins ; Andréas, dans son livre sur la tradition médicale, dit que c’est à la bibliothèque de Cnide qu’il mit le feu ; et Varron, à ce que rapporte Pline[1], avait écrit qu’Hippocrate, ayant copié les observations de maladies que l’on conservait dans le temple de Cos, l’incendia. Tous ces récits, dus à des écrivains très-postérieurs, n’ont aucun fondement ; et les Grecs n’auraient pas souffert que

  1. Hist. nat. 29, 1.