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caractère médical et style d’hippocrate.

genre qui se trouvent fréquemment répétées dans les œuvres d’Hippocrate, sont tellement d’accord avec le Serment qu’elles forment un nouvel argument en faveur de l’authenticité de cette pièce. Le même esprit y respire ; le même sentiment y domine ; et, si les raisonnements que j’ai apportés plus haut pour faire admettre la légitimité du Serment, n’ont pas toute la rigueur qu’on peut désirer, ils acquièrent, ce me semble, beaucoup de force quand on a, sous les yeux, réuni en un seul faisceau, tout ce que Hippocrate a disséminé dans ses ouvrages sur les devoirs des médecins et sur la considération qu’il leur importe, en pratiquant ces devoirs, d’attirer à leur profession.

Celse a vanté la probité scientifique d’Hippocrate, dans une phrase brillante qui est gravée dans tous les souvenirs[1]. Je ne m’autoriserai pas de ce témoignage ; car le fait que Celse invoque est dans le 5e livre des Épidémies ; et ce livre forme un de ces recueils de notes qu’on ne peut pas attribuer à Hippocrate avec quelque sûreté. Mais la liste même des observations qu’il nous a transmises dans le 1er et le 3e livres, prouve qu’il n’a pas tenu à cacher ses revers, et à ne citer que ses succès ; il a enregistré avec candeur les malheurs qui lui sont arrivés ; le nombre des morts qu’il rapporte en fait foi. C’est le même sentiment de probité qui lui inspire la plus vive répugnance pour tout ce qui sent le charlatanisme. Cette réprobation éclate dans une foule de passages. Je n’en citerai qu’un parce qu’il demeure applicable à tous les temps et à tous les pays. Hippocrate, après avoir dit que l’intérêt du malade doit passer avant

  1. A suturis se deceptum esse Hippocrates memoriæ prodidit, more scilicet magnorum virorum et fiduciam magnarum rerum habentium. Cels. VIII, 4.