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CHAPITRE ΧIV.

REMARQUES SUR LE CARACTÈRE MEDICAL ET LE STYLE D'HIPPOCRATE.

Hippocrate a fleuri à l’époque la plus brillante de la civilisation grecque, dans ce siècle de Périclès qui a laissé d’immortels souvenirs. Il a vécu avec Socrate, Phidias, Sophocle, Euripide, Thucydide, Aristophane, et il n’a pas été indigne de cette haute société. Lui aussi a partagé le sentiment qui pénétrait alors les Hellènes, enorgueillis de leur liberté, enthousiasmés de leurs triomphes, épris de leurs belles créations dans les arts, dans les lettres et dans les sciences. Voyez dans le traité des Eaux, des Airs et des Lieux, avec quelle fierté le Grec triomphe du Barbare, l’homme libre du sujet soumis à un maître, l’Européen vainqueur de l’Asiatique partout vaincu sur terre et sur mer. Se peut-il trouver un sentiment national plus fièrement exprimé que cette supériorité de race que le médecin de Cos attribue à ses compatriotes ? Plus on pénètre le sens des écrits d’Hippocrate, et plus l’on s’identifie avec le fonds et la forme de ses pensées ; plus aussi on comprend l’affinité qu’il a avec les grands esprits ses contemporains, et plus l’on est persuadé qu’il porte comme eux la vive empreinte du génie grec.

Quelque silence qu’Hippocrate ait gardé sur lui-même, dans ses écrits, cependant il est possible, avec un peu d’attention, de démêler quelques-uns des traits qui ont composé le caractère scientifique de cet homme remarquable. Ses livres sont semés de réflexions qui montrent que son esprit avait été constamment occupé et du souvenir de sa propre