Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
354
introduction.

au nombre des livres apocryphes. Une des principales causes de ce jugement a peut-être été une glose que l’on trouve dans quelques manuscrits, et que l’édition de Froben a reproduite. Il y est dit que le traité de la Maladie sacrée n’est pas du véritable Hippocrate, mais que, suivant Galien, c’est l’ouvrage d’un homme de mérite[1]. Cette opinion ne se trouve dans aucun des écrits de Galien, et la citation est fausse, à moins qu’elle n’ait été empruntée à quelqu’un de ses ouvrages perdus. Les critiques modernes prétendent que le style du traité de la Maladie sacrée ne répond ni à la brièveté, ni à la simplicité du style d’Hippocrate, et que ce livre porte tous les caractères du temps où l’école dogmatique était déjà complètement formée ; ils y signalent aussi l’abondance des raisonnements et une observation anatomique trop avancée, selon eux, pour l’époque hippocratique. La plupart se sont donc accordés pour le regarder comme postérieur ; cependant quelques-uns (Cæsalpin et Ponce de Sancta-Cruce) l’ont attribué à Démocrite. D’autres l’ont donné à Philotimus ; il y a trop de distance entre ce dernier et Démocrite pour que la critique qui reste incertaine entre ces deux auteurs, ne soit pas vicieuse en soi. M. Dietz, qui a publié une édition de ce traité, remarque, avec toute raison, que le style, la doctrine, et une conformité évidente avec des livres reconnus comme l’œuvre d’Hippocrate, ne permettaient pas de douter que le traité de la Maladie sacrée ne fût sorti de l’école de Cos. Il incline à penser que ce livre est du même auteur que le livre sur la Nature humaine. Si donc, en acceptant comme véritablement de Galien le

  1. Οὐ γνήσιον Ἱπποκράτους, ἀξιολόγου δὲ ἀνδρὸς φησὶν ὁ Γαληνὸς καὶ κατὰ τὴν ἑρμηνείαν καὶ κατὰ τὴν διάνοιαν. Ἱπποκράτους δὲ οὐδὲν ἐν αὐτῷ, οὔτε κατὰ τὸν πρότον τῆς ἑρμηνείας, οὔτε κατὰ τῆς διανοίας ἀκριβές.