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que de courts fragments ; néanmoins on peut apprécier les questions qui ont été traitées et les recherches qui ont été entreprises. Les philosophes de cette époque faisaient entrer dans le cercle de leurs spéculations l’organisation des animaux et les maladies qui affligent l’espèce humaine. C’est seulement de leurs travaux dans ce genre qu’il peut être ici question.

La plus importante des écoles philosophiques pour la médecine est celle de la Grande-Grèce. Alcméon, de Crotone, s’était livré à la dissection des animaux. Suivant lui, ce n’est pas le blanc de l’œuf, c’est le jaune qui nourrit le poulet ; ceux qui ont pensé le contraire se sont laissé induire en erreur[1]. Il admet que la santé est maintenue par l’équilibre des qualités, telles que le chaud, l’humide, le sec, le froid, l’amer, le doux ; et la domination d’une de ces qualités engendre la maladie[2]. Sprengel[3] pense que cette théorie ne peut appartenir à Alcméon, attendu que la considération des qualités élémentaires est d’une philosophie postérieure. Or il est certain que plusieurs des philosophes antérieurs à Hippocrate, ou ses contemporains, ont admis ces qualités.

    decin, élève seulement de la nature, n’avait rien pu apprendre dans une littérature beaucoup trop pauvre. Sprengel se sert de cet argument, qui, comme on voit, n’a point de base, pour discuter l’authenticité de quelques écrits hippocratiques. Avant de donner une date récente aux propositions philosophico-médicales que la collection hippocratique renferme, il faut étudier attentivement les fragments des monuments antérieurs.

  1. Aristote, de la générat, des anim., liv. iii, chap. 2.
  2. Plutarch. Phys. Phil. decret. liv. v, chap. 30. Stobée, discours 99, p. 542.
  3. Histoire de la médecine, t. 1, p. 250.