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introduction.

certain point ; mais, n’en déplaise à Galien, cela est vrai aussi pour d’autres traités, où l’auteur énumère les éléments constitutifs du corps humain. Et d’ailleurs, il ne s’agit pas uniquement dans le passage du Phèdre de cette méthode ; mais il s’agit aussi de l’opinion d’Hippocrate sur la nécessité d’embrasser la généralité de la nature pour étudier convenablement le corps. Or, rien de cela ne se lit dans le traité que Galien avait pris sous sa protection ; et la seule phrase un peu générale que ce traité renferme est celle où l’auteur dit : « Ceux qui sont habitués à entendre sur la nature de l’homme des raisonnements qui dépassent les relations de cette étude avec la médecine, ne seront pas satisfaits de mon discours[1]. » Or, il n’y a rien là qui rappelle, même de loin, le passage de Platon.

Parmi les critiques modernes, ceux qui, ne suivant pas aveuglément Galien, ont voulu comparer eux-mêmes le Phèdre et le traité de la Nature humaine, se sont convaincus que ce passage et ce traité n’ont rien de commun. Mais ils n’ont pas étendu plus loin leurs recherches, et ils ont admis que le livre d’Hippocrate auquel Platon faisait allusion, avait péri dès avant Galien. Mais cette conséquence est-elle juste ? je ne le pense pas ; et je vais essayer de le démontrer au lecteur. On voit que, depuis Galien, ce point d’histoire littéraire n’a point sérieusement occupé les critiques ; c’est une raison de plus pour que j’en discute minutieusement tous les éléments ; et peut-être en résultera-t-il la preuve qu’une étude attentive des textes peut encore, même après les excellents travaux de nos devanciers, jeter un jour inattendu sur des questions qui avaient été abandonnées.

  1. Ὅστις μὲν εἴωθεν ἀκούειν λεγόντων ἀμφὶ τῆς φύσιος τῆς ἀνθρωπίνης προσωτέρω ἢ ὁκόσον αὐτέης ἐς ἰητρικὴν ἀφήκει, τουτέῳ μὲν οὐκ ἐπιτήδειος ὅδε ὁ λόγος ἀκούειν. De Nat. hum., p. 19, Éd. Basil.