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de quelques points de chronologie médicale.

comme d’un critérium, et il remarque que l’usage du mot σφυγμός dans le sens de pouls est de Praxagore et d’Hérophile, et, dans le sens de pulsation violente des artères, d’Érasistrate et d’Hippocrate[1].

Galien prétend que l’anatomie des veines qui se trouve dans le livre de la Nature de l’homme est une interpolation, et n’est ni d’Hippocrate ni de Polybe[2]. On sait qu’Aristote la cite textuellement dans son Histoire des animaux, elle est donc de Polybe très certainement ; l’on sait encore que la collection des livres aristotéliques n’est devenue publique que par Apellicon, qui vivait après Hérophile et Érasistrate, c’est-à-dire après le temps où la Collection hippocratique était déjà formée et publiée. L’interpolation d’un morceau dû à Polybe dans un livre, déjà public, d’Hippocrate, n’est pas possible : ce morceau n’a pas été pris aux œuvres d’Aristote, puisque ces œuvres n’étaient pas encore publiques ; il n’a pas pu davantage être pris aux œuvres de Polybe, puisque ces œuvres, qui étaient dans la bibliothèque d’Aristote, depuis n’ont plus été ni vues ni retrouvées, et n’existaient plus sous le nom de Polybe au temps de la publication de la Collection hippocratique ; je dirai dans le chapitre XI comment la chose a pu se faire.

Ici Galien est donc en défaut ; il ne s’est pas souvenu de la citation d’Aristote, et il s’est vainement débattu contre un fait parfaitement positif.

Souvent il prend texte de quelques mauvaises expressions ou vices de langage, pour accuser un écrit de n’être pas d’Hippocrate[3].

  1. Παλαιοτέρα χρῆσις ἣ κἀν τοῖς Ἐρασιστράτου καὶ Ἱπποκράτους εὑρίσκεται γράμμασιν. T. i, p. 277, Éd. Basil.
  2. Tome 1, p. 300, Éd. Basil.
  3. Πυρετός ξυνοχὸς, οὐρήματα, πνεῦμα θολερόν et quelques autres.