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de quelques points de chronologie médicale.

l’Officine du médecin, des Instruments de réduction, où le mot muscle est fréquemment répété ; dans les Aphorismes, VIIe section, où il est parlé des muscles du rachis. On voit combien de traités se trouveraient placés après les travaux des écoles alexandrines ; traités dont plusieurs sont nominativement cités par les plus anciens critiques, et ces citations suffisent seules pour détruire toute argumentation de ce genre, fondée sur la présence du mot muscle dans tel ou tel écrit.

On peut encore en montrer la fausseté d’une autre manière. Il en était du mot chair comme du mot veine, c’était un terme général qui n’excluait pas la connaissance d’une désignation plus particulière. Dans le même traité, chair et muscle se trouvent indifféremment employés ; cela est dans le 1er livre des Maladies ; cela est encore dans le traité des Fractures ; et, à ce sujet, Galien dit : « Ce qui a été appelé muscle précédemment, Hippocrate l’appelle chair ici, se servant de la locution vulgaire[1]. » Dans des traités, par exemple, le 1er livre des Maladies et l’opuscule des Veines, le mot muscle est fréquemment employé, et le mot artère ne l’est jamais, ce qui formerait une contradiction dans l’opinion des critiques modernes qui ont admis que l’usage des mots muscles et artères indiquait une date post-alexandrine. Au contraire, le traité des Chairs fait un usage fréquent du mot artère ; mais jamais il n’emploie le mot muscle, qu’il remplace toujours par le terme de chair.

Enfin, et c’est la dernière preuve que j’apporterai, Ctésias, presque contemporain d’Hippocrate, s’est servi (j’en ai déjà parlé p. 69) de ce mot muscle ; et, chose qui vaut la peine d’être notée, la manière dont s’exprime l’auteur de l’opuscule sur l’Art, qui a employé le mot muscle, est tout à fait

  1. Tome v, p. 556, Éd. Basil.