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introduction.

montrent que les anciens se servaient du mot veine, à peu près comme nous nous servons du mot vaisseau, pour désigner à la fois les veines et les artères, et qu’ils se servaient indifféremment du mot artère pour désigner à la fois les artères proprement dites et les ramifications de la trachée.

Dans ce système, les artères constituaient plutôt un appendice des voies aériennes qu’une portion du système circulatoire. Poursuivons jusqu’au bout l’examen de cette vieille doctrine physiologique : il est remarquable que l’auteur du 1er livre des Maladies, en parlant des parties dont la blessure est mortelle, désigne une veine qui donne du sang[1]. C’est distinguer les veines qui ont du sang, de celles qui n’en ont pas. L’auteur du livre des Articulations, qui a mentionné expressément les artères, parle de la mortification des veines sanguines[2], les séparant ainsi de celles qui ne donnent pas de sang. Les veines sanguines sont certainement opposées aux veines pleines d’air.

Voici un exemple où le nom de veines est donné, comme dans Théophraste, à un vaisseau qui contient de l’air ; c’est dans le traité de la Maladie sacrée. « Dans les veines, dit l’auteur, nous introduisons la plus grande partie de l’air, ce sont les voies d’aspiration de notre corps ; elles attirent l’air dans leur intérieur, et le distribuent partout[3]. » Et ailleurs : « L’air va en partie au poumon, en partie aux veines, qui le répandent dans le reste du corps[4]. » Ainsi ce

  1. Ἢ φλέβα αἱμόῤῥοον. P. 219, Éd. Frob.
  2. Φλεβῶν αἱμόῤῥοϊέων πελιώσιες. P. 505, Éd. Frob.
  3. Κατὰ ταύτας δὲ τὰς φλέβας καὶ ἐσαγόμεθα τὸ πουλὺ τοῦ πνεύματος, αὗται γὰρ ἡμέων εἰσὶν ἀναπνοαὶ τοῦ σώματος, τὸν ἠέρα ἐς σφᾶς ἕλκουσαι, καὶ ἐς τὸ λοιπὸν ὂχετεύουσαι. P. 214, Éd. Basil.
  4. Τὸ πνεύμα… ἔρχεται… τὸ δὲ ἐπὶ τὸν μνεύμονα, τὸ δὲ ἐπὶ τὰς