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introduction.

sées et les mêmes détails, une meilleure rédaction suppose une postériorité de composition. Le lecteur trouvera développées dans les chapitres suivants la plupart de ces indications qui ne sont qu’en germe dans la lettre de Costei.

Gruner[1] a suivi à peu près les mêmes règles de critique que Mercuriali ; il a réuni, dans une section[2], les caractères qui lui paraissent distinguer les écrits hippocratiques : la brièveté du style, un dialecte ionien approchant de l’ancien dialecte attique, la gravité et la simplicité du langage, enfin l’absence de raisonnements théoriques dans ces écrits. L’usage du dialecte ionien ne prouve rien pour l’authenticité de tel ou tel écrit, car l’on sait que, longtemps après le temps d’Hippocrate, des écrivains en ont fait usage, et pour des médecins il suffit de citer Arétée. Quant à l’absence de toute théorie, de toute hypothèse, les écrits qui sont donnés comme hippocratiques n’en sont pas absolument dépourvus. Ainsi les Aphorismes contiennent, par exemple, des sentences appuyées sur la théorie de la chaleur innée, sur l’orgasme des humeurs et leur tendance à s’écouler par telle ou telle voie. Représenter Hippocrate comme ennemi des doctrines générales, c’est aller à l’encontre de ce que Platon lui-même en rapporte. Le médecin de Cos pensait, dit le disciple de Socrate, que l’on ne peut connaître le corps humain sans connaître la nature de l’ensemble des choses. Dans le fait, il admettait les généralisations familières aux philosophes de son temps, et de grandes et belles théories sont dans ses livres.

Gruner, dont le livre est érudit, n’a changé notablement le fond de la critique des écrits hippocratiques qu’en un point,

  1. Censura librorum Hippocrateorum, Vratislaviæ, 1772.
  2. Page 11.