Sur cinq, plus d’une main charmante
Dès le matin me noue, et me dénoue au soir ;
Mais plus d’une bête imprudente
Meurt victime de mon pouvoir.
Sur trois pieds, ma surface et liquide et brillante
Offre à tes yeux un immense miroir ;
Et sur deux pieds, lorsque l’on chante.
Pour chanter juste il faut m’avoir.
Souvent je change de nature,
Et mon usage est assez singulier ;
Tantôt je sers au cavalier,
Tantôt je nourris sa monture.
De légumes, parfois, je me compose aussi :
À mon sujet, maint étourdi,
Sans réfléchir, cherche dispute ;
Alors, il faut en venir sur le pré ;
Alors, pour se tirer sain et sauf de la lutte.
Heureux celui qui me porte à son gré !
Chacun court après moi, rarement on me trouve ;
Plus je suis délicat, mieux je me fais sentir.
Mais hélas ! trop souvent l’indiscret qui m’éprouve,