Rachel, qu’à lui seul elle doit sa renommée, qu’elle est sa découverte, son œuvre, qu’elle lui appartient tout entière[1] ».
« Vous avez, dit-il, découvert Rachel ! À quelle époque, Monsieur ? Lorsqu’elle débuta au Gymnase ? Mais, longtemps auparavant, elle avait été découverte par M. Saint-Aulaire, qui la faisait jouer dans sa petite salle de la rue Saint-Martin ; le public de ce quartier l’avait découverte, puisqu’il l’applaudissait et s’empressait de la venir voir. J’entendis parler de ses dispositions ; j’en voulus juger, et c’est là aussi qu’elle fut découverte par moi. Elle le fut quelque temps après par les professeurs du Conservatoire, qui reconnurent sa vocation. Mon opinion écrite sur les registres de cette école est ainsi formulée : Physique grêle, mais une admirable organisation théâtrale. M. Poirson, directeur du Gymnase dramatique, la découvrit et l’engagea, et vous eûtes l’honneur de la découvrir à votre tour dans la Vendéenne ; vous ne fûtes pas le seul qui comprîtes son jeune talent. Ma femme, qui assista à son début, me dit qu’il y avait un grand avenir dans cette enfant, mais que la scène du Gymnase était trop étroite pour elle. M. Poirson ne tarda pas à être de cet avis ; il découvrit bientôt qu’elle était faite pour briller sur notre première scène, et c’est alors qu’elle vint me trouver. Je devins son professeur, et je la fis entendre à M. Védel, alors directeur de la Comédie-Française, qui, découvrant en elle de rares qualités, l’attacha à ce théâtre et me laissa maître de fixer l’époque de ses débuts. Six mois après, les comédiens français, en l’entendant répéter, découvrirent en elle un talent de premier ordre : car son succès commença, pour ainsi dire, par les coulisses, et la découverte faite par les comédiens le fut aussi par nos habitués, qui pendant trois mois furent à peu près ses seuls
- ↑ Lettre à M. Jules Janin, par Samson. On y trouve cette citation ainsi que la suivante.
