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plus exact, dans certaines scènes, toucha presque au génie. Nous n’écrivons pas, soit dans cette préface, soit dans ce volume, une biographie de Rachel, ni même une élude sur la haute valeur de ses qualités comme artiste dramatique ; nous ne voulons nous occuper d’elle qu’à un point de vue spécial et la présenter exclusivement sous une face nouvelle qui, pensons-nous bien, est abordée ici pour la première fois. Il s’agit de montrer Rachel non plus dans la tenue solennelle de la tragédie, revêtue du costume historique qu’elle portait si noblement et avec tant d’aisance et de grandeur à la fois, et sous lequel on se plaît toujours à la représenter, mais bien une Rachel intime, en déshabillé, se laissant voir avec ses instincts naturels, son caractère personnel, et dépouillée, par conséquent, de tout ce grandiose appareil derrière lequel furent toujours dissimulés pour le public tant de qualités charmantes et tant de dons précieux du cœur et de l’esprit.

Rachel elle-même a heureusement laissé une source abondante de renseignements certains à cet égard : c’est sa correspondance. Peu de femmes de son époque ont écrit autant qu’elle ; peu surtout l’ont fait avec cette facilité, cette abondance et cet esprit si primesautier et si naturel qui caractérisent tout ce qui est tombé de sa plume. On voit qu’elle aimait à écrire, mais aussi, ce qui est plus curieux de la part d’une femme dont l’éducation première avait été nulle et qui n’avait jamais appris régulièrement le français ni même l’orthographe, on voit qu’elle savait écrire et que les pensées charmantes et toujours si pleines de finesse, qui naissaient en quelque sorte au courant de sa plume, lui venaient tout simplement et sans effort. Aucune de ses lettres n’a jamais supposé un brouillon quelconque ou un long travail préliminaire. Nous en avons tenu un grand nombre, en original, dans nos mains, et nous donnons à la fin de ce volume le facsimilé d’une lettre d’une certaine étendue et même d’une certaine