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que le travail avait avancé depuis sa dernière visite.

À ce moment, la lune, se dégageant complètement, lui laissa voir à ses pieds quelque chose qui attira son attention. Il se baissa, ramassa une de ces pierres, ou du moins ce qu’il croyait tel, puis, la portant à sa bouche, il y donna un coup de dent.

Sa surprise fut extrême. Examinant l’objet, il s’écria, dans un ravissement encore un peu incrédule : « C’est du charbon ! »

Oui, c’était du charbon, bientôt le doute s’évanouirait.

« Je ne puis me tromper, murmura-t-il. Comment ce charbon serait-il ici, si quelqu’un ne l’avait tiré de la terre ? J’ai été sot de ne pas comprendre quel trésor l’étranger a reconnu à Beggarmoor. »

Plongé dans ses réflexions, Jock fut rappelé à la réalité par un faible gémissement de Tramp qui, devinant un événement extraordinaire, voulait y prendre part.

« Tramp, mon cher Tramp, dit l’enfant s’adressant à son ami fidèle, ton maître est un imbécile. Il ne reste qu’une chose à faire, me procurer le fameux papier, et c’est ce qu’il faut arranger entre nous. »

Glissant le morceau de charbon dans sa poche, Jock jeta un regard inquiet autour de lui… Personne… mais la lumière brillait toujours à la fenêtre de la chaumière. Rapidement, il se dirigea de ce côté, étouffant ses pas dans l’herbe. Tout doucement, il ouvrit la barrière qu’il arrêta pour se réserver la facilité de se sauver.

Puis, il se glissa vers la fenêtre, et, se tenant dans l’ombre de la muraille, il plongea un regard dans l’intérieur.

À une table, au milieu de la pièce, était assis Bagshaw, la tête appuyée sur une main, pendant que de l’autre il tenait un papier qu’il semblait lire attentivement.

Tout en l’épiant ainsi, Jock était haletant ; son cœur battait à se briser, en pensant que là, tout près de lui, à sa portée, était ce document pour lequel il était venu de si loin et avait tant risqué.

La fenêtre se trouvait entr’ouverte. Évidemment, le fermier ne redoutait pas les visiteurs dans ce lieu solitaire.

Jock tremblait d’émotion à la pensée d’être découvert et ne savait à quel parti se résoudre.

Soudain une idée lui vint. Se baissant, il prend Tramp dans ses bras, le place sur le rebord de la fenêtre en lui montrant le papier que Bagshaw tient à la main.

Tramp dresse les oreilles, lève vers son maître ses yeux intelligents pour lui dire qu’il a compris et qu’il sait ce qu’on attend de lui. Jock pose un baiser sur la rude tête du chien, et le lance à travers la fenêtre ouverte :

Il y eut une lutte, un choc ; le cri d’une voix en colère se mêla à une plainte lugubre. Puis, au bout de quelques secondes, le chien s’élança par la fenêtre, le papier dans la gueule.