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BOURSES DE VOYAGE

Axel, et je suffirai à tout… Je vous le répète, si le vent obligeait à diminuer la voilure et à prendre les avirons, je vous appellerais… Croyez-moi, enveloppez-vous de vos couvertures, et dormez jusqu’au jour ! »

Les jeunes garçons firent ce que leur conseillait Will Mitz. Deux d’entre eux se glissèrent sous le taud auprès de M. Patterson ; les autres s’étendirent sur les bancs, et bientôt tous dormaient à bord.

Will Mitz, seul à l’arrière, tenait la barre d’une main, l’autre prête à mollir ou à raidir les écoutes de la voile et du foc. Un petit fanal, éclairant la boussole posée devant lui, lui indiquait si l’embarcation déviait de la route à suivre.

Ainsi s’écoulèrent de longues heures, sans que Will Mitz eût succombé un instant au sommeil. Trop de pensées agitaient son esprit, trop d’inquiétudes ! Soutenu par une inébranlable confiance en Dieu, il ne désespérait pas. Il était à l’arrière de ce canot, comme il était, l’autre nuit, sur la dunette de l’Alert, dirigeant l’un d’une main ferme, comme il avait dirigé l’autre. Mais, au lieu du solide navire qui portait ses jeunes compagnons et lui, ce n’était plus qu’une frêle embarcation, avec une réserve de vivres qu’une semaine épuiserait, qui allait les livrer à toutes les incertitudes de cette navigation, à tous les caprices, tous les dangers de la mer.

La brise persistait modérée et régulière, Will Mitz n’eut pas l’occasion de réveiller son petit inonde, et si, à plusieurs reprises, se relevant l’un ou l’autre, ils l’interrogeaient :

« Cela va bien… cela va bien », répondait-il.

Et, après un signe amical, allongés de nouveau sous leurs couvertures, ils s’abandonnaient au sommeil.

Dès l’aube, tous furent sur pied, même M. Patterson, qui se dégagea du taud et s’assit à l’avant.

Une belle journée s’annoncait. Le soleil se levait sur un horizon voilé de quelques brumes que ses premiers rayons ne tardèrent pas à dissiper. Des risées couraient à la surface de la mer, zébrée de petites lames qui clapotaient le long de l’embarcation.

En premier lieu, et suivant son habitude, Tony Renault, comme il le faisait à bord de