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« C’est ici, n’est-cc pas ? murmure Nicole.

— Oui, répond Gérard à voix basse. Voyez ! en nous penchant, nous pouvons apercevoir là-bas, droit devant nous, les deux sentinelles et leur falot. Nous devons nous trouver, à peu près exactement, à la place même où nous avions atterri. Si seulement il ne faisait pas noir comme dans un four !…

« Si j’osais appeler !… Hem !… Hem !… » risque-t-il, toussant légèrement.

Un silence ; puis, un peu sur la gauche, et comme venant du ciel :

« Hem !… Hem !… répond une voix étouffée.

— Bon, dit joyeusement Gérard. Il est là. Toute la question maintenant est de se rencontrer… »

Nicole et lui ouvrent démesurément leurs jeunes yeux, essayant de percer l’obscurité. Enfin Gérard croit voir comme un nouveau nuage plus dense augmenter l’épaisseur de l’air qui l’entoure ; au même instant il perçoit un léger frôlement ; il tend la main, rencontre une courroie…

« C’est l’Epiornis, qui nous cherche et n’ose atterrir de peur de nous écraser par mégarde… Brave frère, va !… »

Et élevant un peu la voix :

« Nous y sommes !… Vas-y carrément, Henri !… Preste !… »

Il a saisi le bordage de l’Epiornis, l’amène au ras du sol, de la main gauche, et, de la droite soulevant Nicole, il la place sur le marchepied, sent aussitôt qu’elle lui échappe, enlevée, mise en sûreté, par Henri.

Il s’apprête à la suivre, quand un jet de lumière électrique fulgurant, aveuglant, perce la nuit obscure, vient se poser sur l’Epiornis, l’illumine d’une clarté brutale en ses moindres détails.

Gérard saute dans l’oiseau géant, qui, d’un bond soudain, remonte aussitôt dans les nuages. Mais le rayon implacable l’y poursuit et, presque aussi rapides que le rayon, la poudre et le plomb vont l’y chercher. La fusillade éclate, bientôt suivie du tonnerre de l’artillerie. Tout le camp est en tumulte.

André Laurie.

(La suite prochainement.)



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