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JOCK ET SES AMIS

qu’après tout tu as fait un fort bon choix. Je vais avertir Bagshaw dès maintenant ; aussi, il ne pourra voler le trésor, comme tu le craignais. Je suis trop fatigué pour t’en écrire davantage ; le papier y suppléera. Travaille bien ! Sois heureux ! Que Dieu te bénisse ! »

L’écriture, devenue de plus en plus difficile à déchiffrer, s’arrêta tout à fait ; la dernière ligne descendait à travers la page, comme si la main était devenue incapable de guider la plume.

Jock contempla la lettre de son vieil ami, lisant, relisant, essayant de se mettre en tête qu’il était bien le propriétaire de la petite chaumière blanche et de la lande stérile appelée Beggarmoor. Tout à coup, il se demanda ce qu’était devenu le papier mentionné dans la lettre et qui ne pouvait être que celui où le visiteur de M. Grimshaw avait écrit tant de notes. Il en était certain, c’était la clef du mystère du trésor enfoui à Beggarmoor.

Se souvenant des paroles de sa mère et du désappointement manifeste de celle-ci en apprenant la nature de l’héritage, Jock en conclut que M. Harrison avait oublié de joindre le document à la lettre. Mme Pole ignorait que ce domaine était mieux et plus qu’une chaumière ordinaire entourée de quelques champs stériles.

En pensant à sa mère, l’enfant se rappela, plein de remords, avec quelle dureté il lui avait parlé. Se levant à la hâte, il courut vers la maison pour réparer sa faute, et demander quelques renseignements complémentaires sur son étrange héritage.

Mme Pole déclara que le notaire ne faisait mention d’aucun papier ; il écrirait de nouveau quand il aurait pris connaissance du testament, afin de donner plus de détails au sujet du legs, pour lequel il n’avait jamais été consulté.

« Beggarmoor est, paraît-il, un morceau de terre absolument sans valeur. Je ne peux comprendre ton oncle de t’avoir fait un pareil don, cela a l’air d’une véritable moquerie, ajouta Mme Pole.

— Mais, maman, c’est moi qui ai préféré Beggarmoor à tout autre bien, s’écria Jock, empressé de défendre la mémoire de son oncle.

— Je croyais qu’un garçon de ton âge avait plus de jugement. Que pourras-tu, dis-moi, tirer d’une pareille propriété ? Je suppose que tu n’es pas assez enfant pour t’imaginer que tu habiteras jamais là. Si Beggarmoor est loué, le revenu que tu en auras suffira tout juste à t’entretenir de souliers.

— Mais, maman, il y a un trésor caché ! Ne comprenez-vous pas ce que dit M. Grimshaw ? Avec le papier dont il parle, nous pourrons découvrir ce trésor. J’étais là, le jour où l’inconnu est venu aider mon oncle à le chercher. Laissez-moi écrire à M. Harrison au sujet de cette feuille de papier d’où doit nous venir la lumière.

— En vérité, Jock, tâche de parler avec plus de bon sens. Un trésor caché, cela fait bien dans les contes. Cependant, au sujet des indications dont parle ton oncle, j’écrirai au vieux notaire. »