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vanille, dont tout le monde connaît l’arôme incomparable.

Le vanillier aromatique est une plante ligneuse, sorte de liane grimpante qui s’entortille autour des arbres dans l’écorce desquels elle enfonce indélicatement ses vrilles suçoirs. L’on peut donc affirmer sans ambages que c’est une plante parasite — assez vilaine profession, à la vérité, mais qu’on lui pardonne en faveur de ses qualités exceptionnelles. Elle croît spontanément au Brésil, à la Guyane et au Mexique, dans les marécages riverains de l’Océan qu’inondent les grandes marées. On la cultive à Cayenne, à St-Domingue et à l’Île-de-France.

C’est de son fruit, de sa gousse, nous l’avons déjà dit, que s’exhale son parfum. Cette gousse, longue de dix à douze centimètres, est ridée à sa surface et d’un brun foncé, parfois rougeâtre.

Cette gaine renferme en nombre incalculable de petites granulations noires enchâssées dans une pulpe d’où exsude, à l’époque de la maturité, un liquide nommé baume de vanille. Ces fruits contiennent une telle abondance d’acide benzoïque qu’il cristallise à leur surface en blanches et fines aiguilles.

vanille

Les capsules du vanillier sont inodores quand elles sont fraîches ; leur parfum ne se développe que pendant la préparation qu’on leur fait subir pour les livrer au commerce. Cette préparation consiste à les faire sécher presque entièrement, après quoi on les frotte d’huile de coco, d’acajou ou de ricin, selon les pays, afin de leur donner de la souplesse et d’empêcher surtout l’évaporation de l’arôme. Préparées de la sorte, les gousses sont enfermées dans des boîtes de fer-blanc ou de plomb, en même temps qu’elles y sont largement saupoudrées de sucre pulvérisé. Et c’est dans cet état qu’elles nous arrivent en Europe, nous apportant de là-bas, des régions orientales, toutes les suaves senteurs qu’ont incorporées dans leur tissu les rayons d’un soleil tropical.

La vanille aromatique est utilisée de façons très diverses. On sait quel usage en font journellement les pâtissiers, les glaciers, les chocolatiers, les confiseurs, les parfumeurs, tous ceux enfin qui multiplient, pour la satisfaction du goût et de l’odorat, crèmes et bonbons, glaces, senteurs et cosmétiques dont se délectent et se parfument les jeunes et les vieux, y compris les intermédiaires, sans désignation ni d’ages ni de sexes.

En médecine, la vanille s’emploie comme tonique et stimulant. Elle facilite la digestion et donne de l’énergie aux fonctions cérébrales. Que pourrions-nous lui demander encore ? Bénissons donc la bienfaitrice parfumée… sans toutefois nous autoriser de ses vertus médicinales pour essayer de justifier notre gourmandise