Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/668

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment. Ses lettres étaient pleines de questions pressantes, mais il ne reçut pas de réponse.

Molly écrivait de longues lettres, presque indéchiffrables, mais débordantes d’affection, et respirant le désir véhément de revoir son compagnon de jeux.

C’est par elle qu’il apprit la maladie de M. Grimshaw ; le vieil oncle avait beaucoup de fièvre ; les visites de M. Harrison étaient fréquentes à Gray-Tors.

Mais, si son parent était vraiment malade, il inviterait Jock à aller passer ses vacances d’été chez lui ; c’est ce que pensait le petit garçon, pendant les longues journées de chaleur, quand le chemin de l’école lui semblait si fatigant. Il vivait dans l’espoir de cette invitation ; ses désirs le ramenaient sur les grandes landes et les rochers de Gray-Tors.

Le temps s’écoula, mais l’invitation attendue n’arriva pas. Déjà le milieu des vacances approchait ; les espérances de Jock s’envolèrent : il prit son parti de ne plus revoir pour le moment ses amis du Nord.

Par un chaud après-midi, comme il regagnait lentement la maison, fatigué, sans courage, il aperçut Doris qui le guettait. À son approche, avec son air d’importance accoutumé, elle descendit en courant le sentier.

« Jock, s’écria-t-elle, lorsqu’elle fut près de lui, dépêche-toi ; maman veut te parler immédiatement.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Tramp s’est-il détaché, et a-t-il étranglé un poulet ? » demanda le petit garçon, presque de mauvaise humeur.

— Non, il s’agit d’une lettre. Elle est arrivée par le second courrier. Maman l’a lue quand elle a reconnu l’écriture de M. Harrison ; puis, elle m’a priée de courir tout de suite te chercher ; il s’agit de quelque chose qui te concerne. »

Dans un élan, Jock lança en l’air le sac qu’il tenait à la main.

« Hourra ! s’écria-t-il ; peut-être est-ce pour me demander de retourner à Gray-Tors.

— Je ne comprends pas ta joie à la pensée de nous quitter, répliqua Doris, surtout s’il s’agit d’aller chez un vieillard maussade comme M. Grimshaw.

— Oh ! Doris, tu sais que je t’ai rapporté une poupée à mon premier voyage, aussi ne dois-tu pas regretter mon nouveau départ. »

Puis, après des embrassements si violents que la petite fille faillit en être renversée, Jock s’élança vers la maison, avide de connaître les nouvelles reçues par sa mère.

Il ouvrit brusquement la porte et se précipita dans la chambre, le cœur débordant de joie. Mais il s’arrêta plein d’anxiété en apercevant le visage douloureusement ému de Mme Pole. Les radieuses espérances de l’enfant s’étaient évanouies ; une cruelle appréhension y avait succédé.

A. Decker, d’après E. Hohler.

(La suite prochainement.)

MONOGRAPHIES VÉGÉTALES[1]

LES PLANTES CÉLÈBRES OU LÉGENDAIRES

Le Vanillier (Vanilla aromatica). Dans la famille originale des Orchidées, où figurent tant de plantes dont la grâce et les formes extraordinaires déconcertent parfois le pinceau des peintres de fleurs les plus habiles, il en est une qu’ont rendue célèbre non point tant les beautés de sa corolle, tout uniment blanche à l’intérieur et lavée de jaune verdâtre à l’extérieur, que l’exquis parfum qu’exhale la longue capsule où sont contenues ses graines, c’est le vanillier produisant la

  1. Voir les nos 137 et suivants.