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Gray-Tors ; le caractère et la conduite de l’enfant s’en ressentirent. Notre jeune héros n’était pas un modèle de sagesse ; quoiqu’il eut bon cœur et qu’il fut généreux à sa manière, il se montrait souvent insensible ; il causait de la peine à sa mère, sans le vouloir, puis, essayait de réparer sa faute, mais avec une timidité et une gaucherie qui le faisaient paraître maussade et indifférent.

{{Mme|Pole} ne comprenait pas la nature des petits garçons. Elle chérissait Jock, mais elle se sentait plus attirée vers Doris, dont les manières douces et pleines de convenance lui étaient un constant sujet de joie.

L’indulgence est nécessaire vis-à-vis des garçons ; il faut excuser leur besoin de courir, de sortir, de rentrer, les souliers crottés, de laisser les portes ouvertes, de sauter brusquement sur les gens au moment où ils s’y attendent le moins. S’il est des garçons aussi doux, aussi tranquilles que des petites filles, ils n’y ont aucun mérite. Il faut préférer les voix joyeuses et retentissantes avertissant de leur voisinage, et qui se font pardonner leurs brusques embrassades par le cœur qui dicte leurs caresses.

En ce monde, idées et affections diffèrent avec chacun de nous ; c’est sans doute pourquoi Mme Pole tenait Tramp enchaîné dans une triste solitude et aurait voulu que Jock, exempt des défauts de l’enfance, fût devenu, avant le temps, un homme sérieux. Quelquefois, elle se demandait anxieusement s’il ressemblerait jamais à son père ; elle oubliait qu’il fallait laisser à l’enfant le temps de perdre l’insouciance qui la peinait si souvent.

Quant à Jock, aussitôt rentré à la maison, sa grande consolation était de courir délivrer Tramp de ses liens, de s’installer ensuite dans quelque coin ombragé pour lire tranquillement, pendant que le chien, heureux de sa liberté, exécutait une course folle à travers les landes.

Une ou deux fois, les jours de congé, Doris fut invitée à prendre part à leurs excursions. Jock, plein du souvenir de Molly, avait oublié ses premières opinions sur les capacités des petites filles ; il emmena sa sœur si loin qu’elle rentra fatiguée, mécontente ; lui, recueillit pour salaire une réprimande bien méritée.

Quelquefois, et surtout les jours de pluie, il consacrait ses loisirs à écrire à ses amis de Gray-Tors. M. Grimshaw répondit deux ou trois fois ; ses lettres, quoique courtes, faisaient plaisir à Jock ; ses souvenirs se ravivaient, et le vieil oncle y tenait une grande place.

Au bout de quelque temps, ces réponses cessèrent, bien que l’enfant écrivît régulière-