Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/639

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Grimshaw. Il le trouva déjà installé dans la voiture, tandis que l’étranger se disposait à se rendre à la ville pour prendre le train.

« Au revoir, mon enfant, dit le jeune ingénieur : persévérez dans votre travail, et adressez-vous à moi quand l’aide d’un ami vous sera utile. Je m’intéresse toujours aux jeunes gens qui, comme vous, se sentent attirés vers ma profession. »

Jock le remercia avec effusion en lui serrant la main ; puis, voyant son oncle perdre patience, il monta en voiture ; alors seulement, il se souvint qu’il n’avait pas demandé le nom de son nouvel ami.

Quand Jock rejoignit son oncle, le vieux monsieur étudiait le fameux papier qui s’était couvert de dessins avec des indications à la marge.

« Eh bien ! est-ce toujours ton désir de posséder Beggarmoor ? demanda M. Grimshaw en remettant soigneusement le papier dans son carnet.

— Je ne l’ai jamais autant souhaité ; mais je crains qu’il n’y ait pas beaucoup de chance de l’avoir, répliqua Jock en souriant.

— Qui sait ? Il arrive parfois des choses si étranges. Il y a un trésor à Beggarmoor, mais il s’agit de le trouver.

— S’il y a un trésor en cet endroit, il me semblerait plus sage de l’enlever, dit l’enfant ; je ne crois pas à la probité de Bagshaw. »

Son oncle, en voyant son sérieux, se contenta de rire.

« Le voleur le plus habile ne saurait atteindre ce bien précieux. Ne crains pas que Bagshaw le découvre, mon enfant. Garde ta prédilection pour Beggarmoor ; qui sait si quelque jour tu ne posséderas pas la pauvre lande. »

Et le vieillard rit tout haut comme s’il goûtait une joie intime et délicieuse.

« Je ne changerai pas d’idée, reprit Jock, d’un ton de conviction ; seulement j’aimerais à avoir Molly pour habiter avec moi. Puis, voulant expliquer sa pensée il ajouta : elle ne ressemble point aux autres petites filles. »

A. Decker, d’après E. Hohler.

(La suite prochainement.)

KSOUR ET OASIS[1]

CHEVAUCHÉES D’UN FUTUR SAINT-CYRIEN À TRAVERS LE SUD-ORANAIS

IX (Suite.)

Ce fut le dernier combat livré à Chellala ; d’autres s’y étaient déroulés depuis l’époque où, pour la première fois, ce village fut occupé par une colonne française (1845).

Le plus important eut lieu en 1865, peu de temps après le combat de Garet Sidi Cheikh, où les rebelles avaient perdu leur chef. Si Mohammed.

Si Ahmed avait pris la direction de l’insurrection. Avec son oncle Si Lala, qui ne désarmait jamais, il projeta un mouvement vers le Nord. Mais ses goums furent battus à Kheneg-Souez, et le colonel de Colomb put, sans l’inquiétude d’être tourné, aller s’attaquer à Si Lala, qui avait déjà commencé sa marche vers Géryville. C’est à Chellala qu’il l’atteignit… Ici je laisse encore une fois le chantre de la « Cheikhyade » faire le récit de cette journée.

« Contre notre carré, les fantassins de Si Lala, profitant très habilement des moindres accidents de terrain, engageaient un feu violent. Quelques obus à balles en calmèrent la fougue et les rendirent plus prudents.

« Mais les cavaliers rebelles, pris subitement d’une sorte de frénésie, et comme honteux, eux, les agiles, de ne pouvoir avoir raison d’hommes embarrassés d’un lourd con-

  1. Voir les nos 180 et suivants.