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Gagner la dot de Clairette : il l’épouserait sans dot ; entre cousins cette question perdait toute importance. Leur exil, dès lors, était sans objet.

Allons, vite, vite, l’opération, puisqu’elle était devenue inévitable, vite la guérison ! puis le retour dans la vieille patrie où tout se répare, où la terre elle-même se fait médecin pour ses enfants.

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ÉPILOGUE


7 juin 1900.

« Ma sœur Thérèse, Hervé vous a annoncé tout de suite l’événement qui nous comble de joie ; mais les détails, c’est de moi que vous les attendez, je le sais.

« Je vais vous les donner… Seulement, auparavant, laissez-moi vous dire…

« Si, il y a quatre ans, quelqu’un m’eût annoncé que j’épouserais mon cousin, et me trouverais par conséquent mère de famille en entrant en ménage ; que j’aurais moi-même un garçon l’année suivante, et que je considérerais comme le couronnement de mon bonheur la naissance d’une fille, j’aurais ri au nez d’un tel prophète.

« Le bonheur, le vrai, celui que je goûte, ma chérie, c’est vous qui m’en avez montré le chemin.

« Jadis il m’apparaissait dans une existence où le caprice commande, où l’on est choyé, gâté, servi, où l’on n’a rien à partager avec personne. J’étais de bonne foi, je vous l’assure.

« Je reconnais le néant de tels rêves. Mon cher mari et moi, — ah ! le bon, le charmant, le parfait compagnon de route qu’Hervé ! — nous sommes affairés tout le jour à propos de l’un ou de l’autre.

« En dehors des grandes promenades goûtées de tous, c’est la partie de tric-trac de papa, c’est le domino de grand’mère, ce sont les jeux des enfants, et leur éducation que nous nous partageons, mon père, Hervé et moi, afin de les garder bien à nous le plus longtemps possible…

« Quelquefois, le soir, quand nous nous retrouvons dans notre chambre, nous constatons en riant que c’est de toute la journée notre premier moment de solitude.