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BOURSES DE VOYAGE

déposent leurs petits, soit dans le sud, sur les cotes de la Nouvelle-Zélande.

— Est-ce que vous avez fait la pêche à la baleine ?… demanda Louis Clodion.

— Oui, pendant une saison, à bord du Wrangel de Belfast, aux abords des îles Kouriles et dans la mer d’Okhotsk. Mais il faut être équipé de pirogues, de lignes, de harpons, de harponneurs. Cela ne va pas sans grands risques, lorsqu’on est entraîné hors de vue, et cette pêche fait bien des victimes.

— Est-elle avantageuse ?… dit Niels Harboe.

— Oui et non, répondit Will Mitz. L’habileté, c’est bien, mais la chance, c’est mieux, et, trop de fois, il arrive qu’une campagne finisse sans qu’il ait été possible d’amarrer une baleine ! »

Au surplus, celles qui venaient d’être signalées soufflaient à trois milles au moins de l’Alert, et il fut impossible de les approcher de plus près, au vif regret des passagers. Même en se couvrant de toile, le trois-mâts n’aurait pu les gagner en vitesse. Elles filaient vers l’est avec tant de rapidité, qu’une pirogue aurait eu grand peine à les rejoindre.

À mesure que le soleil s’abaissait sur l’horizon, la brise tendait à calmir.

Les nuages du couchant, épais et livides, restaient immobiles. Si le vent se levait de ce côté, ce serait un vent d’orage qui ne durerait pas. À l’opposé s’accumulaient de grosses vapeurs montant jusqu’au zénith, qui rendraient la nuit très obscure.

Il était même à craindre que le ciel s’illuminât d’éclairs et retentit des éclats de la foudre. La chaleur était très forte, la température lourde, l’espace saturé d’électricité. Pendant que les lignes étaient dehors, Harry Markel avait dû faire mettre l’une des embarcations à la mer, quelques-uns de ces poissons étant tellement lourds qu’on n’aurait pu les hisser directement à bord.

La mer restant calme, cette embarcation ne fut pas remontée à son poste. Harry Markel avait sans doute ses raisons pour la laisser dehors.

Jules Verne.

(La suite prochainement.)