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Magasin illustré d’Éducation et de Récréation
SOMMAIRE du N° 211

BOURSES DE VOYAGE, chapitre VII et VIII, par Jules Verne.
COMME NEIGE AU SOLEIL (suite et fin),
par J. de Coulomb.
KSOUR ET OASIS, chap. IX, par Michel Antar.
FILLE UNIQUE (fin), par P. Perrault.
JOCK ET SES AMIS, chap. III, par A. Decker, d’après E. Hohler.
LE GÉANT DE L’AZUR, chap. XIII et XIV, par André Laurie.
BOURSES DE VOYAGE
par JULES VERNE — illustrations de L. BENETT

VII
Début de traversée.

Dès dix heures du matin, l’Alert avait laissé derrière l’horizon les extrêmes contours de la Barbade, la plus avancée vers l’est des îles de la chaîne micro-antilienne.

Ainsi cette petite visite des lauréats à leur pays natal s’était effectuée dans des conditions très favorables. Ils n’avaient pas eu trop à souffrir au cours de leurs traversées des violentes perturbations atmosphériques si fréquentes en ces parages. Le voyage de retour commençait. Au lieu de revenir en Europe, le navire, dont Harry Markel et ses complices seraient dès le lendemain les maîtres, allait faire route vers les mers du Pacifique.

En effet, il semblait bien que les passagers de l’Alert ne pouvaient échapper au sort que leur réservaient ces bandits. La nuit prochaine, ils seraient surpris dans leurs cabines, égorgés avant d’avoir pu se défendre ! … Et qui dévoilerait jamais ce drame sanglant de l’Alert ?… À la rubrique des informations maritimes, le trois-mâts figurerait parmi ces navires perdus corps et biens dont on n’a plus aucune nouvelle. On se mettrait vainement à sa recherche, alors que sous un autre nom, sous un autre pavillon, après quelques modifications à son gréement, le capitaine Markel entreprendrait ses criminelles campagnes dans les mers de l’Ouest-Pacifique. Et ce n’était pas la présence du marin nouveau venu qui apporterait quelque chance de salut. Sans doute, les passagers se trouvaient maintenant onze à bord, et Harry Markel et ses compagnons n’étaient que dix. Mais ceux-ci auraient l’avantage de la surprise. D’ailleurs, comment opposer une résistance efficace à ces hommes robustes, habitués à verser le sang ?… Et puis, ce serait la nuit que s’accomplirait ce massacre… Les victimes seraient frappées en plein sommeil ; quant à implorer la pitié de