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« Je te dispense de tes remerciements ! grommela-t-il. Que me veux-tu ensuite ?

— Vous demander des nouvelles de Jaquissou… Il montait presque tous les matins à onze heures et demie nous dire un petit bonjour… oh ! une minute seulement !… et voici trois jours que nous ne l’avons pas vu !…

— Jaquissou me soigne… J’ai la grippe !… Il a tout juste le temps de courir au marché ou chez le pharmacien, et, lorsqu’il est absent, je suis abandonné à mon malheureux sort… Ainsi, ce matin, je n’ai pas encore pris ma tisane !…

— Qu’à cela ne tienne… Je vais vous la donner, monsieur… »

Elle retroussa sur son jupon de dessous sa pauvre robe soigneusement raccommodée, et, avec l’habileté d’une ménagère, elle se mit en devoir de rallumer le feu… Tandis que l’eau chantait dans la bouilloire, elle trouva sans peine le chemin de la cuisine, lava la tasse et la cuillère sales et revint à temps pour verser sur deux morceaux de sucre la tisane fumante et parfumée.

L’émailleur suivait tous les mouvements de sa petite garde-malade : elle effleurait le parquet ; ce n’était pas comme Jaquissou, dont les gros souliers ferrés faisaient un bruit désagréable, même lorsque le garçonnet essayait de marcher sur la pointe des pieds.

Le vieillard se souleva un peu pour boire… Très bonne tisane, ma foi ; elle avait un agréable goût de violette et ne sentait pas du tout la fumée !…

« Merci ! grogna-t-il en se recouchant sur les oreillers.

— Vous êtes mal installé, monsieur, déclara la petite. Je vais vous arranger mieux ! »

Et, avec un sérieux impayable, elle administra de grands coups de poing aux coussins de plume, rectifia le désordre des draps et des couvertures…

Le père Léonard éprouva aussitôt une délicieuse impression de bien-être…

« Comment t’appelles-tu, petite ? interrogea-t-il presque aimable.

— Catherine, monsieur, pour vous servir !… »

Le vieux devint tout pâle.

Catherine ! le nom de sa mère !… Le mot seul évoquait devant lui les fêtes de famille, qui, tous les ans, au 25 novembre, réjouissaient les échos de la maison paternelle. Que de cris joyeux, de chansons, d’affectueux baisers… Le souvenir en flottait encore dans les chambres solennelles où, depuis, la mort et l’oubli avaient passé…

« Reviendras-tu me voir ? demanda-t-il.

— Oui, monsieur, et, si vous le permettez, je vous apporterai Pierrot !… Bien le bonjour à Jaquissou, et meilleure santé pour vous ! »

Elle esquissa une révérence gauche, mais gracieuse, rejoignit ses sabots, les enfila et se sauva en courant.

J. de Coulomb.

(La suite prochainement.)

JOCK ET SES AMIS
Par A. DECKER, d’après E. HOHLER

II

Tramp fait un voyage.


Qui m’aime, aime mon chien.


Le lendemain matin, Jock fut exact. Il rencontra M. Harrison à la gare.

Doris ni sa mère ne l’avaient accompagné. Mme Pole lui avait préparé un léger déjeuner qu’il avait pris lestement ; puis, confié au