et XIV, par P. Perrault.
J. de Coulomb.
La traversée entre la Martinique et Sainte-Lucie s’effectua avec autant de régularité que de rapidité. Le vent soufflait du nord-est en fraîche brise, et l’Alert, tout dessus, enleva dans la journée les quatre-vingts milles qui séparent Saint-Pierre de Castries, le principal port de l’île anglaise, sans avoir changé ses amures.
Toutefois, Harry Markel, ne devant arriver en vue de Sainte-Lucie qu’à la tombée du jour, comptait mettre en panne pour donner dans le chenal au lever du soleil.
Pendant les premières heures de la matinée, les plus hauts sommets de la Martinique se montraient encore. Le mont Pelé, que Tony Renault avait salué à son arrivée, reçut de lui un dernier adieu.
Le port de Castries se présente sous belle apparence entre d’imposantes falaises. C’est une sorte de vaste cirque dans lequel la mer a fait irruption. Les navires, même de fort tonnage, y trouvent des mouillages très surs. La ville, bâtie en amphithéâtre, étage gracieusement ses maisons jusqu’aux crêtes environnantes. Elle est, ainsi que la plupart des villes de l’Antilie, orientée au couchant, de manière à être abritée contre les vents du large et les plus violentes perturbations atmosphériques.
On ne s’étonnera pas que Roger Hinsdale regardât son île comme très supérieure à toutes les autres du groupe. Ni la Martinique, ni la Guadeloupe ne lui paraissaient dignes d’une comparaison. Ce jeune Anglais, tout rempli de la morgue britannique, d’attitude un peu hautaine, excipait à toute occasion de sa nationalité, ce qui faisait sourire ses camarades. À bord, toutefois, il ne laissait pas d’être soutenu par John Howard et Hubert Perkins, moins « britannisés » que lui, sans doute. Mais, lorsque le sang anglo-saxon coule dans les veines, il faut admettre que ses globules