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elle souriait, tout à fait moqueuse, à cet aveu plein d’humilité.

Il reprit, résigné d’avance aux malices qu’il s’entendrait sûrement dire :

« Savez-vous faire le thé, Clairette ?

— Non. À la maison, c’était maman qui le préparait ; ici, personne n’en prend.

— Alors, ce sera moi qui le ferai : je m’y connais un peu. Nous en prendrons tous les soirs, voulez-vous ? Cela coupe si agréablement la veillée ! quant aux occupations du jour, j’ai un grand désir, « mère-vieux », pour parler comme mes démons, celui de faire ton portrait.

— Fais, mon enfant, fais, si mes rides ne te découragent pas. »

Il sourit à la vieille dame et poursuivit :

« Organisons donc un atelier quelque part, ma cousine. Yucca assure que vous avez un joli coup de crayon. Si vous ne m’en jugez pas trop incapable, je serai heureux de vous donner quelques conseils. J’ai apporté à votre intention tout ce qu’il faut pour dessiner et peindre. Dans ce désert, il est urgent de se créer une occupation attachante, et la peinture est, je le crois, la première à ce point de vue. Y a-t-il là-haut une pièce dont on puisse disposer ? »

La jeune fille compta sur ses doigts.

« Il nous faut, au besoin, avoir de quoi loger la famille au complet ; je ne vois pas le moyen de distraire même la plus petite des mansardes », répondit-elle, après avoir longuement réfléchi.

Elle ajouta, non sans regrets :

« C’est dommage : bien tentant, un atelier !

— Que parlez-vous de loger toute la famille ? Avec le château comme annexe, cela ne sera pas compliqué.

— Tant que vous serez le seul maître, non, mon cousin. Mais, plus tard, madame la baronne pourrait préférer recevoir ses parents à héberger que les vôtres.

— La future maman de Lilou et de Pompon devra accepter et aimer tous les miens, ou bien… il n’y aura pas de baronne de Kosen, dit Hervé d’un ton bref.

— Admettons que l’emplacement de l’ate-