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BOURSES DE VOYAGE

saient une campagne bien cultivée, qui assure un important trafic de fruits, sans parler du soufre que l’île fournit en abondance. La culture du caféier, actuellement en progrès sensible, deviendra la principale richesse de la Dominique.

Le lendemain, les jeunes voyageurs visitèrent la Ville-des-Roseaux, peuplée de cinq mille âmes, peu commerçante, d’aspect fort agréable, mais que le gouvernement anglais « a frappée de paralysie », pour employer l’expression en usage.

Le départ de l’Alert, on le sait, avait été fixé au lendemain, 20 août. Aussi, vers cinq heures, tandis que les jeunes touristes faisaient une dernière promenade sur le littoral au nord de la ville, John Howard alla-t-il revoir une dernière fois la vieille Kate.

Au moment où il prenait une des rues qui aboutissent au quai, il fut accosté par un homme d’une cinquantaine d’années, un marin à la retraite, qui lui dit, en montrant l’Alert au milieu du port :

« Un joli navire, mon jeune monsieur, et, pour un matelot, c’est plaisir de le regarder !

— En effet, répondit John Howard, navire aussi bon que joli, et qui vient de faire une heureuse traversée d’Europe aux Antilles.

— Oui ! je sais… je sais, répondit le marin, comme je sais que vous êtes le fils de M. Howard, chez qui servaient la vieille Kate et son mari…

— Vous les connaissez ?…

— Nous sommes voisins, monsieur John.

— Eh bien, je vais leur faire mes adieux, car nous partons demain…

— Demain… déjà ?…

— Oui… Nous avons encore à visiter la Martinique, Sainte-Lucie, la Barbade…

— Je sais… je sais… je sais… Mais, dites-moi, monsieur John, qui commande l’Alert ?…

— Le capitaine Paxton.

— Le capitaine Paxton ?… répéta le matelot. Eh ! je le connais… je le connais…

— Vous le connaissez ?…

— Si Ned Butlar le connaît ?… Je le crois bien !… Nous avons navigué ensemble sur le Northumberland dans les mers du sud… il y a une quinzaine d’années de cela… lorsqu’il n’était que second, — un homme d’une quarantaine d’années, n’est-ce pas ?…