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à une hauteur suffisante pour explorer l’horizon et s’assurer qu’aucun navire ne se montre. Partout à perte de vue, c’est le silence et la solitude. Soudain, l’attention de Gérard, perché en vigie sur la plate-forme extérieure, est attirée par un grand corps noir filant sans bruit entre deux eaux. Quelque cétacé en train de prendre en paix ses lourds ébats.

« Une baleine ! … Presque sous nos pieds !… crie-t-il à Henri par le hublot… Descendons un peu, le temps de la voir de plus près… »

Et le bon frère, indulgent pour les caprices de son cadet, exécute aussitôt la manœuvre requise.

Le grand corps noir grandit, paraît à la surface, émerge peu à peu… « Ce n’est pas une baleine, mais un navire sous-marin, — et, probablement, un navire anglais… Oui… voilà l’Union Jack à son arrière… Alerte !… remontons et prenons du large !… »

C’est à peine si Gérard a le temps d’articuler ces mots et Henri d’obtempérer à son avertissement.

Sur le dos du soi-disant cétacé, une coupole de fer s’est abaissée, un tube noir se dresse menaçant : un éclair, une détonation… L’obus frappe en plein l’Epiornis et lui casse l’aile droite.

Renversé par l’effroyable commotion, Henri se relève d’un suprême effort. La cabine penche lamentablement sur le flanc droit et l’aile gauche seule de l’aviateur paraît obéir à la manette. Tout est détraqué.

« Nous tombons comme une pierre ! » crie la voix de Gérard.

Un ébranlement formidable. Un fracas de ferraille. Un concert de hurlements et d’imprécations.

L’Epiornis s’est abattu sur l’arrière du sous-marin.

André Laurie.

(La suite prochainement.)


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