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BOURSES DE VOYAGE

plusieurs boutons électriques. Après avoir relevé la tête, il adressa un signe amical à M. Patterson.

« Vous m’avez fait demander à votre cabinet, monsieur le directeur ?… dit M. Patterson.

— Oui, monsieur l’économe, répondit M. Ardagh, et pour vous entretenir d’une affaire qui vous concerne très personnellement. »

Puis, montrant une chaise placée près du bureau :

« Veuillez vous asseoir », ajouta-t-il.

M. Patterson s’assit, après avoir soigneusement relevé les pans de sa longue redingote, une main étendue sur son genou, l’autre ramenant son chapeau sur sa poitrine.

M. Ardagh prit alors la parole :

« Vous savez, monsieur l’économe, dit-il, quel a été le résultat du concours ouvert entre nos pensionnaires, en vue d’obtenir des bourses de voyages…

— Je le sais, monsieur le directeur, répondit M. Patterson, et ma pensée est que cette généreuse initiative de l’une de nos compatriotes coloniales est tout à l’honneur d’Antilian School. »

M. Patterson parlait posément, faisant valoir les syllabes des mots choisis qu’il employait, et les accentuant, non sans quelque préciosité, lorsqu’ils s’échappaient de ses lèvres.

« Vous savez aussi, reprit M. Ardagh, quel est l’emploi qui doit être fait de ces bourses de voyages…

— Je ne l’ignore pas, monsieur le directeur, répondit M. Patterson, qui, s’inclinant, sembla saluer de son chapeau quelque personne au delà des Océans. Il me paraît difficile de mieux disposer des richesses que la naissance ou le travail ont départies, et en faveur d’une jeunesse avide de déplacements lointains. Mrs Kethlen Seymour est une dame dont le nom trouvera un sonore écho dans la postérité.

— C’est aussi mon avis, monsieur l’économe. Mais allons au but. Vous savez également dans quelles conditions doit s’effectuer ce voyage aux Antilles ?…

— J’en suis informé, monsieur le directeur. Un navire attend nos jeunes voyageurs, et j’espère pour eux qu’ils n’auront point à sup-