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— En Russie ! répéta Hervé abasourdi.

— Comme je les détrompai, ils se levèrent dans l’intention de poursuivre leur voyage. Vous pensez bien que je ne les laissai pas aller plus loin. Je me représentai votre inquiétude, monsieur le baron, en constatant leur disparition. J’imaginai de leur dire que j’allais leur montrer, sur une grande carte, le pays où ils se rendaient. C’est ainsi que je les décidai à me suivre. Ils sont en ce moment sous la garde de deux gentils garçons à qui je donne, le jeudi, des leçons supplémentaires ; on a dû les faire goûter pour les occuper tandis que j’accourais à Vielprat vous avertir. J’aurais perdu mon temps à vouloir les ramener ; ils semblent férus à un point extraordinaire de leur idée de voyage. Je vous conseille, monsieur le baron, de filer au trot ! qui sait si vos enfants auront consenti à rester à l’école ; elle n’a rien de plaisant.

— Oui, j’ai vu cela. On vous a ouvert une façade dans la première enceinte du château : des murs épais de un mètre cinquante ; cela doit donner un jour triste.

— Si triste, que les deux petits ont fait la grimace en entrant dans la salle de classe.

— Je suivrai le plateau pour revenir ; il se peut donc que nous ne nous rencontrions pas, monsieur. Permettez-moi d’aller vous remercier chez vous. »

Ils échangèrent encore une poignée de