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Guen, à la roue de l’hélice-gouvernail ; Gérard sur la plate-forme étroite qui surmonte la cabine.

« Nous v sommes ? demande Henri, d’une voix brève.

— Nous y sommes ! répètent les trois voix.

— En route, donc !… »

Il abaisse une manette, puis une autre et une autre encore. On entend un déclic, suivi d’un pétillement d’étincelles, l’hélice s’incline et ronfle en battant l’air. Les deux ailes se déploient instantanément avec un frisson d’étoffe soyeuse. L’Epiornis bondit sur ses pieds d’acier, s’enlève d’un mouvement majestueux et sûr, plane un instant à quinze ou vingt mètres de ses étais, — puis, sous l’impulsion de l’hélice qui se redresse, — il s’envole sans bruit appréciable, comme un yacht filant sous la brise, accélère son mouvement et s’éloigne…

Contre la voûte étoilée, son immense envergure se confond déjà avec le bleu sombre du firmament. Il monte, il vogue, contourne la tour du Champ de Mars, revient à tire-d’aile vers Passy pour saluer la villa Massey d’un coup de canon minuscule. Et, aussitôt, s’orientant vers le sud, il prend son élan définitif et disparaît.

Silencieux, le cœur battant à grands coups, les spectateurs demeurent les yeux dans les nuages, les pieds cloués au sol. Ils ont main-