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« Une colonne (général Servière) devait parcourir le Touat, tandis qu’une autre descendrait, à l’ouest, par Jgli, puis suivrait l’oued Saoura, où elle se mettrait en communication avec la première.

« Le mouvement se commença bien. Mais, à peine au Touat, le général Servière dut retourner en arrière pour dégager le commandant Reibell — revenu depuis peu de la mission Foureau-Lamy — qu’un parti important avait attaqué dans Tinimimoun, au Gourara (18 février) et qui se maintenait avec peine, après avoir perdu, dans un violent combat, deux officiers avec sept hommes, tandis que deux de ses officiers et vingt-huit hommes étaient blessés.

La colonne revenue du Touat ramena l’ordre, après les deux combats de Charouïn (28 février-1er mars) et celui de Talmin (9 mars), dont les premiers nous firent perdre deux officiers et vingt-trois hommes, en même temps qu’ils nous mirent quarante-cinq hommes hors de combat.

« Ce fut la fin de la résistance.

« On s’occupa aussitôt de fortifier l’occupation. Elle est aujourd’hui un fait accompli…

« Là-dessus, René, n-i-ni, c’est fini ! Êtes-vous satisfait, là ?… Vous ai-je assez « rasé », comme vous dites, vous autres potaches ? »

Michel Antar.

(La suite prochainement.)

FILLE UNIQUE

CHAPITRE XI


« Tante Claire, papa il est ici avec tante Brigitte. Il va viendre chez mère-vieux.

— Quand ?

— Tout de suite. »

C’était Lilou qui apportait cette nouvelle. Où était Pompon ? Par la plus extraordinaire des exceptions, il ne trottinait point dans l’ombre de son frère.

Car ces deux êtres-là pouvaient aussi peu se quitter que s’accorder.

« Où donc est Pompon ? s’informa Claire.

— Sais pas… L’ai pas vu.

— Et René ?

— Il a couri loin, loin, sans nous, à cause qu’y veut pas que nous nous tuyons les jambes. C’est trop z’élevé, il a dit ; c’est au vieux Château, tiens. Il est avec Yucca.

— Tu pourrais parler plus respectueusement de M. Murcy.

— Papa dit « Yucca », et ma sœur Thérèse aussi !

— Tu embrouilles tout ! Thérèse n’est pas ta sœur.

— Eh bien, René l’appelle comme ça, fit Lilou on frappant du pied.

— Ce n’est pas une raison pour que tu l’imites, toi, nigaud.

— Si tu me grondes, je m’en allerai.

— Va, va, je n’ai pas besoin de toi.

— Mais moi j’en ai besoin, fit-il, redevenu subitement câlin. Tante Claire, ma fée ! tu sais, quand tu te z’as envolée dans les sapins ? Moi je m’en « appelle ». Faut me z’aimer, dis ?

— Oui, oui, » répondit Claire distraite, tout en donnant un dernier coup d’œil à l’ensemble de sa toilette.

Car cet entretien avait lieu dans sa chambre, où Lilou était venu la relancer.

Elle le prit par la main et descendit avec lui.

Mais, au moment de pénétrer au rez-de-chaussée, le gamin hésita, l’air inquiet :

« J’es en peine de Pompon, dit-il. Attends-moi, je vas reviendre avec lui. »