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ÉD. GRIMARD

Markel, comme à ses compagnons, et peut-être inquiétante.

L’Alert n’était plus qu’à un quart de mille du port, et, quand même il l’eût voulu, quelle raison Harry Markel aurait-il imaginée pour ne pas y entrer, puisque Saint-Barthélemy était une des étapes ou escales de l’itinéraire ? … Donc, bon gré, mal gré, — en somme, moins alarmé que John Carpenter et les autres, — il évoluait pour suivre la passe, lorsqu’un coup de canon retentit.

En même temps, un pavillon montait au sommet du morne.

Quelle fut leur surprise, — surprise qui se changea en stupéfaction chez Magnus Anders, — lorsque ses camarades et lui reconnurent que ce n’étaient point les couleurs suédoises, mais le pavillon français aux trois couleurs nationales !

Quant à Harry Markel et à l’équipage, s’ils montrèrent quelque étonnement, que leur importait que le pavillon fût de tel ou tel pays ?… Ils n’en connaissaient qu’un, le pavillon noir des pirates, celui sous lequel naviguerait l’Alert, lorsqu’ils écumeraient les parages du Pacifique :

« Le pavillon français !… s’était écrié Tony Renault.

— Le pavillon français ?… répétait Louis Clodion.

— Est-ce que le capitaine Paxton se serait trompé, fit observer Roger Hinsdale, et aurait fait fausse route sur la Guadeloupe ou la Martinique ? »

Harry Markel n’avait point commis une pareille erreur. C’était bien Saint-Barthélemy que l’Alert venait d’atteindre, et ce fut dans le port de Gustavia qu’il prit son mouillage, trois quarts d’heure après.

Magnus Anders ne laissait pas d’être assez chagriné. Jusqu’ici, à Saint-Thomas, à Sainte-Croix, à Saint-Martin, Danois et Français avaient vu flotter le drapeau de leur pays, et voici que le jour même où il allait mettre le pied sur la colonie suédoise, le pavillon suédois n’y flottait plus…

Tout s’expliqua. L’ile Saint-Barthélemy venait d’être cédée à la France moyennant la somme de deux cent soixante-dix-sept mille cinq cents francs. Cette cession avait été approuvée par les colons, presque tous d’origine normande, et, sur trois cent cinquante et un votants, trois cent cinquante s’étaient prononcés pour l’annexion.

Le pauvre Magnus Anders n’était point en situation de réclamer, n’est-il pas vrai, et il existait de sérieuses raisons, sans doute, pour que la Suède abandonnât sa seule possession dans l’archipel des Indes occidentales. Aussi ne put-il que faire contre fortune bon cœur, et, se penchant à l’oreille de son camarade Louis Clodion :

« À tout prendre, dit-il, et puisqu’il a fallu passer sous un autre pavillon, mieux vaut que ce pavillon soit celui de la France ! »

Jules Verne.

(La suite prochainement.)

MONOGRAPHIES VÉGÉTALES[1]

LES PLANTES CÉLÈBRES OU LÉGENDAIRES


La Ciguë (conium), famille des ombellifères. — La ciguë tachée, appelée grande ciguë, est une plante dont la racine et la tige renferment un suc jaunâtre, violent poison pour les hommes et quelques animaux. Ce qui la rend dangereuse, c’est qu’elle offre certaines ressemblances superficielles avec le persil, dont

  1. Voir les nos 137 et suivants.